L'arrivée de Julie Taton sur la liste MR fédérale en Hainaut a contraint Georges-Louis Bouchez à mettre certains cadors libéraux carolos à des places très aléatoires qui ne garantissent (presque) rien à personne. Si ce n'est de potentielles et nombreuses frustrations...
C'est peu de dire que l'annonce de l'arrivée Julie Taton au MR sur la liste fédérale hennuyère a mis le chat dans les poules libérales de la région de Charleroi. Le président Georges-Louis Bouchez qui disait "avoir son schéma", a en fait procédé à un grand Tétris qui donne tout sauf des assurances à plusieurs protagonistes pourtant d'un calibre certain.
Au final, le plus à l'aise est encore Denis Ducarme qui, avec sa troisième place au fédéral, est quasi certain, sauf accident, de s'asseoir au parlement après le 9 juin prochain.
Pour les autres par contre, Bouchez fait un pari énorme, avec l'aval de certains, mais pas de tous, loin s'en faut. Un pari qui risque, si ça ne tourne pas comme il l'entend, de faire des déçu(e)s de taille.
Adrien Dolimont, lui, était demandeur de prendre la tête de la liste régionale, qu'il a obtenue. Mais ce sera chaud. Car le jeune ministre, qui veut aussi prendre le mayorat de Ham-sur-heure/Nalinnes en octobre prochain, n'est pas du tout sûr de pouvoir cumuler son poste de député avec celui de bourgmestre. Il devra pour cela faire un score sans appel et être dans les heureux 25% de son groupe qui pourront cumuler. Si ce n'est pas le cas, et si le MR n'est pas dans la majorité régionale, Dolimont risque tout simplement de se retrouver...simple mayeur.
Autre pari: celui d'obliger littéralement Caroline Taquin, la bourgmestre de Courcelles, de figurer deuxième à la région. Elle non plus n'est pas du tout sûre de pouvoir cumuler. Si elle est en position de le faire par son score, elle représentera alors une menace pour sa tête de liste en quête de cumul également. Si pas, elle perdra un poste de parlementaire, source de grande frustration.
Mais le pire pari, le plus osé en version "même pas peur je suis sûr de mon coup", concerne certainement les deux suppléants: le Carolo Nicolas Tzanetatos et la néo-Thudinienne Rachel Sobry.
Quel est le but de Bouchez? Dans sa tête, Dolimont est ministre wallon, laisse sa place de député à Nicolas Tzanetatos, Caroline Taquin ne peut cumuler, retourne Courcelles et laisse sa place de députée à Rachel Sobry. Emballé c'est pesé, tout le monde est ravi merci Georges-Louis!
Sauf que le scénario du pire est aussi envisageable pour les deux jeunes suppléants qui, au passage, sont renvoyés sur le banc alors qu'ils ont joué honorablement l'intégralité de la partie comme parlementaires wallons depuis 5 ans...
Imaginez: Dolimont ne devient pas ministre mais reste député bourgmestre. Conséquence pas de place pour Tzanetatos, encore moins pour Sobry. Même topo si Taquin peut, elle aussi cumuler.
La stratégie est donc très claire au MR et ressemble furieusement à la scène ultime et drôlatique de De Funès dans La Folie des Grandeurs: "Nous rentrons à Madrid, nous conspirons, le roi répudie la reine, la vieille épouse le perroquet, César devient roi, je l'épouse et me voilà reine".
Un plan diabolique dans la tête de Georges-Louis Bouchez, certes. Mais qui met en jeu la carrière politique de pas mal de poids lourds de son parti. Et à une année du scrutin interne pour la présidence du MR, on rappellera où finit Don Saluste: aux Barbaresques!