Lunch Garden a annoncé un plan de restructuration lors de son dernier conseil d’entreprise extraordinaire. Frappée de plein fouet par la crise du Covid-19, comme tout l’Horeca, la chaîne de restaurants va donc se séparer de 138 de ses collaborateurs. Les négociations devraient commencer dans une quinzaine de jours.
Le “plan de transformation global” c’est ainsi que s’intitule le plan de restructuration de Lunch Garden prévoit différentes mesures pour réduire ses coûts. Parmi celles-ci, la suppression de 138 postes.
“Malgré cette décision forcée par les circonstances, la direction de l’entreprise est convaincue que la mise en place de ce plan maintiendra la célèbre chaîne de restaurants parmi les acteurs essentiels de son secteur”, précise cette dernière.
Deux lunch garden menacés sur 4 à Charleroi
Dans notre région, Lunch garden compte 4 restaurants dont deux franchisés. Les restaurants potentiellement concernés par la restructuration sont ceux de Bomerée et de Gosselies.
« Il y a dans ces restaurants entre 45-50 personnes dont l’avenir est suspendu aux décisions de lunch garden, nous dit Alain Goelens, permanent au Setca. Ce matin, un de mes délégués était au conseil d’entreprise extraordinaire, mais la direction est restée très vague. A mon avis, les discussions sérieuses sur le fond vont commencer dans 2 ou 3 semaines. Et de ce que l’on peut analyser jusqu’à présent, ce sont les restaurants installés dans les galeries commerciales qui souffrent le plus. Les gens évitent ces lieux confinés. Un exemple, le lunch garden de l’INNO à Bruxelles est resté fermé quasiment tout le temps depuis le début du déconfinement. C’est un des plus gros, donc ce n’est pas rien.»
Des erreurs de gestion en temps de crise
Lunch Garden indique occuper “une position unique” sur le marché belge et garder confiance en son avenir. Mais les mesures préconisées aujourd’hui sont nécessaires afin de consolider sa situation future.
“Aujourd’hui, les circonstances nous obligent à envisager des choix difficiles mais qui s’avèrent nécessaires pour faire face à cette nouvelle réalité”, commente la CEO Ann Biebuyck. “Je suis convaincue qu’avec nos partenaires sociaux, nous pouvons trouver des solutions constructives. Plus que jamais, je crois au potentiel et à la résilience de Lunch Garden.”
Alain Goelens, à Charleroi, est beaucoup moins optimiste.
« Les Lunch Garden de Bomerée et Gosselies étaient dans la norme avant la Covid-19, Bomerée était même un peu au dessus de Gosselies en terme de rentabilité. La chaine de restaurants a réussi à engranger de meilleurs résultats grâce à des opérations financières, la CEO a été remerciée avant l’annonce de ce plan, tout cela n’est pas fait pour donner confiance et améliorer la situation. Aujourd’hui, nous n’avons donc pas de vue claire sur la stratégie de lunch garden et ceci explique cela. Certaines décisions ont aussi eu des conséquences catastrophiques. Par exemple, les restaurants ouvrent désormais à à 11h, ils ont donc perdu toute une clientèle qui était là pour les petits déjeuners, des clients qui sont partis et qui ne reviendront plus. »
Fin de contrats et licenciements secs
Le plan à l’étude pourrait entraîner une réduction des effectifs allant jusqu’à 138 emplois sur plus ou moins 1.100 travailleurs en 2019. La direction souhaite cependant limiter “autant que possible” les licenciements secs, précise-t-elle.
L’entreprise a entamé une procédure d’information et de consultation avec les partenaires sociaux. Du côté du Setca, on ne croit pas aux recours, aux solutions habituellement prisées que sont la pension et la pré-pension.
« Le personnel des lunch garden est relativement jeune. En plus, le recours au pré-pension est aujourd’hui de plus en plus compliqué et le gouvernement en place ne risque pas d’alléger cette législation. C’est donc une piste qui n'est pas réaliste du tout. Nous pensons plutôt que la direction ne va pas renouveler les contrats à durée déterminée et que les malades de longue durée seront visés. »
Ensuite, viendront probablement les départs volontaires et les licenciements. La chaîne se défend et explique avoir fait des efforts considérables, notamment financiers, pour surmonter la crise sanitaire après les trois mois de confinement et la réouverture en phase de ses restaurants.