C'est une figure politique qui a incontestablement marqué la vie carolo qui s'en est allée. Lucien Cariat est décédé ce mercredi 8 janvier à l'âge de 85 ans.
Lucien Cariat a été une figure politique locale haute en couleurs, avant le déclenchement des affaires de la Carolorégienne en 2005. Il a été une première fois échevin à Marcinelle, avant la fusion des communes. Et ensuite, échevin à Charleroi dans les années 80. Lucien Cariat a multiplié les mandats durant près de deux décennies. Au fil du temps, il s’est taillé une réputation d’homme politique omnipotent et autoritaire. Il n’en n’était pas moins un homme de terrain et de dossier, comme le souligne l’homme fort du PS carolo de l’époque Jean-Claude Van Cauwenberghe.
Le caractère bien trempé de Lucien Cariat a inévitablement créé des tensions entre les deux hommes, mais aussi avec d’autres mandataires. On a même parlé de "l'ère Cariat" ! Une période durant laquelle il a aussi été à la tête de l’ICDI, rebaptisée aujourd’hui Tibi : l’intercommunale de gestion intégrée des déchets.
L’ancien directeur du site du Bois du Cazier Jean-Louis Delaet, a lui aussi bien connu Lucien Cariat, qui s’est beaucoup investi pour pérenniser ce lieu de mémoire.
C’est d’ailleurs Lucien Cariat qui est à l’origine du Jumelage de Charleroi avec Manopello en Italie, dont sont originaires 22 victimes de la catastrophe du Bois du Cazier. Il est même l’auteur d’un livre intitulé « Les Enfants de Manopello ».
2005 : le séisme des affaires met un terme à la carrière politique de Lucien Cariat
En 2005, c’est le début du séisme politique à Charleroi. Lucien Cariat est l’un des principaux mandataires visés par la justice après le déclenchement du scandale de la Carolorégienne. Des affaires qui allaient mettre plus largement en lumière une gestion publique défaillance au sein de l’administration communale carolo. Il sera finement, acquitté dans ce dossier « Ville ». Quelques mois plus tard, Lucien Cariat est placé en détention préventive à la prison de Jamioulx durant 47 jours pour faux, usages de faux, détournements et abus de biens sociaux dans le cadre de ses fonctions de président et directeur gérant de l’ICDI.
Et c’est le magazine d’investigation « Question à la Une » de nos confrères le la RTBF, qui a été le déclencheur, en recueillant une série de témoignages. Mais là aussi, Lucien Cariat clamait son innocence et argumentait, avec son franc parlé habituel.
Reconnu coupable de faux, d’abus de biens sociaux et de mise à disposition illégale de personnel, il est condamné le 29 juin 2012, en tant qu'ex-président et directeur-gérant de l'ICDI, à une peine de 2 ans de prison avec sursis, et à une lourde amende. Il a par contre été acquitté pour d’autres volets du procès, notamment ceux liés aux accusations de corruption.
Le journaliste Didier Albin, qui a suivi de près cette période des affaires carolo en presse écrite, et qui est l’auteur du livre « Charleroi, le séisme », se souvient ce cette période et du personnage que certains ont parfois même appelé "l’empereur de Marcinelle".
S’il n’a pas fait l’unanimité, Lucien Cariat qui est décédé ce 8 janvier à l’âge de 85 ans a incontestablement marqué l’histoire politique carolo.