Dans l’Horeca, le sentiment est le même partout: le secteur risque de mourir. A Frasnes-lez-Gosselies, deux soeurs qui tiennent un restaurant ont voulu exprimer ce qu’elles ont sur le coeur d’une manière plutôt originale. Elles ont invité ce matin quelques amis et clients à l’enterrement de l’Horeca devant leur restaurant.
Un enterrement en bonne et due forme
Le restaurant est transformé en chambre mortuaire. c‘est l’enterrement de l’Horeca. Du crêpe recouvrent les fenêtres, et la porte est drapée de tentures grises. Les deux patronnes accueillent les quelques sympathisants présents devant l’établissement par un petit discours bien senti. Elles ont organisé l’événement pour partager leur sentiment et rendre hommages à tous les acteurs de l’Horeca et à tous les artisans de la joie.
« On est tristes »
Les deux restauratrice frasnoises ont d’abord tenu à rendre hommage à tous les métiers qui tournent autour de l’Horeca, comme les blanchisseurs, traiteurs, grossistes et autres brasseurs. C’est tout un secteur qui risque de mourir.
« On est tristes comme lors d’un enterrement, nous dit Céline Valenne, l’une des deux restauratrices. On est tristes parce qu’on trouve que les mesures sont injustes par rapport à d’autres métiers. Je sais que la situation est très compliquée pour tout le monde. Mais nous, on nous empêche pour la deuxième fois de travailler. On a beau avoir des primes, ça ne couvre pas tous les frais. »
« On retire tout ce qui apporte de la joie »
Les deux soeurs ont rappelé que si le médical soigne, l’Horeca, lui, apporte de la joie, de l’échange et du partage.
« On nous enlève tout ce qui apporte de la joie, tout ce qui fait du bien, poursuit la restauratrice. Même les réunions familiales sont retirées. Si c’est pour vivre sans joie et sans bonheur, on fait quoi? On travaille et on paye et ça se limite là. On n’est pas d’accord avec ça. On doit garder une certaine joie de vivre, sinon je crois que beaucoup de gens vont être malades. Et pas forcément du virus. »
Chacun doit y mettre du sien
Ensemble, disent-elles, on peut s’en sortir.
« Ce n’est pas ma soeur et moi avec notre taverne qui pourront changer le monde, enchaîne Céline Valenne. Chacun doit agir en âme et conscience, mais aussi dénoncer les injustices. On ne veut plus être traités comme des marionnettes. On est des humains et on fait tous notre possible avec ce satané virus. Mais il ne faut pas tout nous enlever. On a le droit de vivre, en faisant attention, évidemment. Mais on ne peut pas tout retirer comme ça. On n’est pas d’accord. »
Les restauratrices ont aussi rendu hommage aux indépendants, au personnel médical, aux personnes âgées, aux malades et aux personnes endeuillées.
«Nous pensons surtout à nos enfants qui ont perdu leur souvenir et à notre belle jeunesse sacrifiée à qui il reste à peine le droit de rêver », conclut la restauratrice.
Comme le dit leur faire-part: Ni fleurs, ni couronnes, ni pitié. Juste du courage et de la jugeote.