Le secteur de l’Horeca est sans doute avec la culture un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. Et si jusqu’ici quelques mesures de soutien leur ont été proposées, elles ne seront pas suffisantes et beaucoup risquent de faire leurs comptes le 8 juin. Chez Défi, une proposition est en marche, Une forme de tax shelter pour l’Horeca et la culture. Une proposition intéressante, mais pas suffisamment réactive pour le président de la fédération wallonne de l’Horeca, Thierry Neyens.
C’est Michaël Vossaert, le président de Défi Bruxelles qui porte cette proposition de tax-shelter ainsi que l'idée d'un emprunt citoyen, pour relancer l’Horeca et la culture, devant le gouvernement fédéral.
« Le principe c’est de mobiliser l’épargne privée (257 milliards d’euros), faire en sorte que l’on travaille sur un partenariat entre les pouvoirs publics et les citoyens. L’état joue le rôle d’intermédiaire via le crédit d’impôt. Le public auquel ces investissements sont destinés, ce sont les PME (et plus particulièrement l'Horeca) pour les soutenir dans l’après confinement. »
Les deux mécanismes proposés présentent l’avantage de rejoindre les recommandations de l’Economic Risk Management Group (mis en place pour analyser les risques économiques de la pandémie en Belgique) et les préoccupations du ministre des Finances.
Le tax-shelter Horeca pour les citoyens
Pour étayer ce projet, Michaël Vossaert s’appuie sur l’expérience menée depuis 2018 avec la plate-forme Spreds, et son tax shelter à destination des start up et des scale up belges. Une expérience éprouvée et qui a muri aussi.
Le principe est relativement simple, vous investissez et votre mise sera remboursable via une déduction fiscale à hauteur de 60% de l’investissement. De même la période de souscription serait ici réduite à 6 mois pour accélérer le processus et le rendre disponible à la fin du confinement.
"Investir dans des opportunités tax-shelter permet d’une part de réduire ses impôts et d’autre part de faire une plus-value potentielle, dit le président de DéFI Bruxelles. Mais c’est aussi une façon d’avoir un impact personnel sur l’économie belge et sur la création d’emplois, en choisissant soi-même le type de projet qui mérite son argent et en posant ainsi un acte de décision citoyenne. »
Il ajoute que l’avantage de partir d’une base légale existante permet enfin de rassurer l’investisseur et la PME.
Fédération Horeca de Wallonie : vers un nouveau modèle
Pour le secteur de l’Horeca et le président d’Horeca Wallonie, Thierry Neyens, si la proposition est séduisante, elle sera probablement plus lente que prévu à mettre en oeuvre.
«L’important est de sensibiliser les citoyens à être solidaires face à un entrepreneur de proximité et pour qui chaque euro compte», explique-t-il.
Le secteur aura avant tout besoin de liquidités pour redémarrer, les fournisseurs sont déjà aux portillons et poussent à la réouverture.
Et si l’idée du secteur est la même, demander au public d’investir, avec des garanties et des incitants fiscaux. Les fédérations parlent plutôt d’un vaste emprunt populaire, un «crowdlanding» (crowdfunding par le prêt), mais ne rejette pas l’idée d’un tax shelter.
Le crowdlanding prendrait la forme d’un prêt à 2% de rendement (idem pour le tax shelter) avec une période de franchise de 6 mois gratuite.
Ce financement participatif imaginé avec la participation de l'UCM prend sa source dans le luxembourg, il est lancé dès à présent en partenariat avec la plateforme belge FIVE FINCROWD et s’appuie déjà sur la Fédération HORECA, plusieurs associations de commerçants dont Arlon et Bastogne. Ainsi que sur l’ASBL PROMELUX qui soutient les petits artisans de la province.
Pour les emprunteurs, pas de frais d'entrée ! Les prêts varient entre 5.000 et 50.000 €. Les taux d’intérêt entre 2 à 6%. La durée de crédit entre 1 et 3 ans avec remboursement à partir de 2021.
Une plateforme a été créée intitulée « Sauvons nos commerces » elle compte bien étendre ses activités et s’étendre à toutes la wallonnie, son promoteur Philippe Denis, nous assure que des contacts sont déjà pris pour étendre ce mouvement à d’autres associations wallonnes et Bruxelloises.
Sur la plateforme en ligne, deux premiers dossiers sont déjà inscrits : ULTICOIFF (Grossiste dans le secteur de la coiffure) et Café LOUISE de Libramont.
Un pour tous, tous pour un
Le secteur a aussi imaginé une «vitamine card» pour chaque travailleur, financée par l’État, et à utiliser uniquement dans les restaurants.
Toutes ces propositions ont visiblement le même objectif, seule l’urgence les différencie. Car le besoin est non seulement urgent, mais immense. Le secteur pèse quand même 18 milliards d’euros dans notre économie. Et jusqu’ici il n’a pas fait l’objet de faveurs particulières de nos dirigeants.
« Il faudra aussi compter sur des mesures structurelles de soutien. Sans quoi il sera impossible de rouvrir, assure Thierry Neyens, président d'Horeca wallonie. Nous n’avons eu que des reports d’ONSS, de TVA, quelques suppressions de taxes communales. Mais ce sont des mesures d’urgence qui, si elles rassurent, sont trop légères. Car il faudra rembourser derrière.»
Le secteur propose donc au-delà de tous ces appels à l’investissement citoyen, une baisse de la TVA à 6% sur les boissons non alcoolisées et les repas. Une réduction des charges ONSS de 75%. Mais encore, une déductibilité des frais de restaurant à 100% pour les entreprises, et 50% pour les particuliers. Des mesures transitoires et à réadapter en fonction d’un monitoring. Le but étant d’éviter 50% de faillites. L’Allemagne a baissé la TVA à 7%, la France débloque 50 milliards pour l’Horeca.
Chez nous, si nos gouvernants comptent sur un retour prompt et massif de la clientèle après le 8 juin, cela n’est pas gagné. Selon une étude menée par le secteur, l'activité ne reprendrait qu'à 20% de sa capacité dans un premier temps. La motivation des clients n’y étant plus !