C’était il y a 80 ans jour pour jour. La Ville de Charleroi est sous occupation allemande. Plusieurs milliers de Juifs habitent la région et la Gestapo, qui occupait l’ancien consulat d’Italie au Boulevard Audent, a pour ordre d’organiser une rafle. Une rafle qui sera avortée grâce à quelques résistants infiltrés et bien informés. C’est à partir de ce moment-là qu’une opération de sauvetage se dessine.
Nous sommes en 1942 et depuis le mois de juin de cette année-là, le port de l’étoile jaune est obligatoire. A l’époque, plus ou moins 3 000 Juifs vivent à Charleroi. « C’est le signal de la déportation, explique Vincent Vagman, historien qui revient sur cet épisode de l’histoire de Charleroi à l’occasion du 80e anniversaire de cet événement. Peu après, des convocations commencent à tomber. Ces convocations demandent de se rendre à la caserne de Malines pour ensuite aller travailler à l’est. »
Mais très vite, on se rend compte que des personnes âgées sont également convoquées, des enfants aussi. On se méfie de plus en plus et certains Juifs basculent dans la clandestinité. « Les Allemands s’en rendent compte et commencent à organiser des rafles dans les grandes villes. L’adjudant SS de la Gestapo de Charleroi, Heinrich Knapkotter, convoque le président des Juifs de Charleroi, Jules Mehlwurm, en lui disant de revenir le lendemain à 9h précise avec la liste complète de tous les Juifs de la ville. »
Jules Mehlwurm et ses amis résistants élaborent un plan en constituant une fausse liste de Juifs recensés. Cette liste est remise à la Gestapo le lendemain matin, les Allemands se mettent en route et pendant ce temps-là:
« Les trois résistants munis de leur simple vélo courent dans tous les endroits où ils savent que des Juifs habitent pour donner l’alarme. C’est une véritable course contre-la-montre. »
Les Allemands retournent tout Charleroi à la recherche de Juifs cachés. Mais force est de constater que l’alerte a été donnée à temps.
« C’est un fiasco pour les Allemands et c’est un succès inespéré pour la résistance juive. C’est quelque chose qui s’est produit nulle part ailleurs à l’échelle d’une ville. Charleroi a réussi à conjurer une rafle avec énormément d’astuces et quasiment pas de moyens: trois vélos contre des camions et des pelotons de soldats allemands. »
Si on garde en mémoire la tuerie de Courcelles durant la Seconde Guerre Mondiale, cette rafle avortée a permis à des milliers de Juifs d’échapper une mort certaine.
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