Mercredi, les hôpitaux du pays passeront à la phase supérieure du plan de gestion hospitalier de l’épidémie de Covid19. Ils passeront de la phase 0 à la phase 1A. Mais qu’est-ce que cela signifie? Et quelles sont les différentes phases? Qu'en est-il dans les hôpitaux carolos?
Un plan de gestion a été mis en place pour les hôpitaux afin de gérer au mieux le nouveau pic de l’épidémie du coronavirus en Belgique. Ce plan comprend cinq phases bien précises. Objectifs : assurer le plus longtemps possible un fonctionnement normal des hôpitaux et ne pas négliger les autres soins de pathologies autres que le Covid19.
De la phase 0 à la phase 1A et 1B
Dans la phase 0, 15% des places aux soins intensifs sont réservées aux patients Covid-19. En Belgique, cela correspond à 300 lits pour l’ensemble du pays. Pour les patients qui ne nécessitent pas de soins intensifs, 1200 lits sont prévus dans cette phase. Dans chaque phase, le nombre de lits aux soins intensifs est multiplié par quatre pour les hospitalisations Covid19 en dehors de la réanimation.
Par exemple, au GHDC, la phase 0 correspond à 6 lits réservés aux patients Covid19 aux soins intensifs sur les 39 lits du service et à 24 lits d’hospitalisations.
"Hier matin, nous avons décidé d’activer la phase 1A en interne vu l’afflux massif que nous avons eu durant le week-end. La phase 1A, c’est 25% des lits USI (unité de soins intensifs, ndlr) réservés aux patients Covid. Donc chez nous, c’est 10 lits. De façon identique, c’est 4 fois plus de lits pour les hospitalisations classiques réservés aux Covid19 donc 40 lits dans notre cas" détaille le docteur Manfredi Ventura, le directeur médical du GHDC.
En Belgique, la phase 1A correspond à 500 lits aux soins intensifs et à 2000 lits en hospitalisations réservés aux patients atteints par le coronavirus.
La phase suivante est la phase 1B. La moitié des lits en soins intensifs doivent être disponibles pour les patients Covid19. Cela représente 1000 lits en Belgique. Les hospitalisations de patients coronavirus ne nécessitant pas de soins intensifs passerait alors à une capacité de 4000 lits pour tout le pays.
Au GHDC, deux unités, une à St Joseph et une à Notre-Dame, seront ouvertes et dédiées aux patients souffrant de troubles respiratoires dû au Covid19.
La phase 2, une phase plus intensive
A partir de la phase 2A, des places supplémentaires vont devoir être créées pour faire face aux hospitalisations classiques et aux soins intensifs comme cela a déjà été le cas lors de la première vague en mars et avril. La planification et l’organisation des interventions ou de certains soins devront également être adaptés voire suspendus.
"Nous avons la chance au GHDC d’avoir une autre unité en-dessous des soins intensifs à Notre-Dame que l’on peut équiper complètement. Et donc dans ce cas-là, nous le ferons. Comme nous l’avons fait lors de la première vague" explique le directeur médical du GHDC.
Dans la phase 2B, les hôpitaux belges devront pouvoir consacrés jusqu'à 2000 lits de soins intensifs pour les patients Covid19 et 8000 dans les services réguliers.
Le personnel soignant déjà très sollicité
Une des craintes actuelle concerne le personnel soignant qui est déjà très sollicité en cette phase 1A et devrait l'être encore plus dans les jours et semaines à venir.
"Quand on ouvre des lits de soins intensifs supplémentaires, on a besoin d’infirmières de soins intensifs et de médecins. On le fait en général en dégradant la capacité du quartier opératoire. Cela nous permet de récupérer du personnel formé à l’utilisation du matériel notamment respiratoire. Ce personnel a déjà bien aidé les soins intensifs lors de la première vague et donc nous allons le faire à nouveau maintenant. Vendredi, nous avons décidé de fermer trois salles d’opération au GHDC pour permettre de fonctionner de façon optimale" confie le docteur Manfredi Ventura.
Avant d’ajouter : "La difficulté comparé à la première vague c’est que le personnel est fatigué et qu’on a l’impression que c’est un effort qui ne s’arrête pas. Mais il y a aussi les écartements et les quarantaines suite aux contacts à haut risque."
Quid des transferts entre hôpitaux
Les transferts entre les hôpitaux font aussi partie des techniques pour soulager certains établissements. Au GHDC, un patient de Bruxelles a été accueilli et 4 places supplémentaire sont été créées pour les patients de Notre-Dame de Grâce à Gosselies.
"J’ai eu des contacts avec les médecins chefs de l’ISPPC. Je sais que la situation est aussi très tendue à Marie-Curie et à Charleroi. Mais on gère au jour le jour et on essaie d’anticiper au mieux" souligne le directeur médical du GHDC.
L'ISPPC bientôt en phase 1B
Du côté de l'ISPPC, on est sur le point de passer dans la phase 1B dans les heures à venir. L'unité Covid19 est saturée, une deuxième unité va donc ouvrir. Pour ce faire, les interventions chirurgicales non essentielles sont reportées et certaines activités médicales sont limitées. Objectifs : récupérer du personnel et du matériel ainsi que de créer des places supplémentaires pour accueillir les patients. En 24h, l'hôpital Marie-Curie a enregistré une quinzaine de nouveaux patients.
"On prend les devants et on doit anticiper la suite des événements car la courbe ne va pas cesser d'augmenter demain!" confie Frédéric Dubois, porte-parole de l'ISPPC.
Ce qui est certain, c’est que nous entamons un automne très difficile. Actuellement, 1472 patients Covid19 sont hospitalisés en Belgique dont 267 aux soins intensifs.