Le financement des hôpitaux belges dispose-t-il encore des armes nécessaires pour relever les défis futur ? C'est le thème général de la nouvelle analyse MAHA (Model for Automatic Hospital Analysis), menée par Belfius, sur la santé financière de nos hôpitaux.
Ce secteur a une nouvelle fois connu une année mouvementée. Deux tiers des hôpitaux généraux du pays affichent un déficit, même si leur activité s'est accentuée. La perte cumulée pour l'ensemble de ces structures est de 174 millions d'€.
Les causes principales sont : une inflation historiquement élevée, l’augmentation des coûts de l’énergie, la flambée des matériaux de construction, les taux d’intérêt, ...
Dans notre région, les hôpitaux n’échappent forcément pas à cette tendance. Pour le Grand Hôpital de Charleroi qui a fortement investi sur le site des Viviers à Gilly, le surcout des travaux est aussi venu s’ajouter à ces paramètres. Avec un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, l’institution présente encore aujourd’hui un bénéfice de quelques millions, mais les réserves diminuent fortement chaque année.
Par ailleurs les produits pharmaceutiques ont considérablement augmenté. Mais c’est aussi la transition vers l’hospitalisation de jour, qui augmente chaque année, qui a un impact non négligeable sur les finances du secteur.
"L'hospitalisation de jour, c'est sans doute très positif pour les patients. Mais cela demande effectivement aux hôpitaux de pouvoir se réorganiser en réinvestissant vers ces plateformes ambulatoires. Et on sait bien qu'à chaque fois que l'on doit réorienter les flux des patients, cela nécessite des investissements importants", explique Gauthier Saelens, directeur général du Grand Hôpital de Charleroi.
Du côté des hôpitaux publics, chez Humani, ces réalités sont les mêmes, mais la situation financière se complique davantage. Le chiffre d’affaires est de plus de 450 millions d’euros, avec un déficit de 7,5 millions d’euros. Ici, le poste de dépenses qui pèse le plus, ce sont les départs à la retraite du personnel statutaire nommé.
"Les cotisations de responsabilisation des pensions des statutaires représentent clairement la charge la plus importante. Cela représente pour notre structure un montant de l'ordre de 30 millions d'euros cette année", précise Frédéric Dubois, directeur de la communication d'Humani.
A ces difficultés déjà nombreuses, s’ajoute aussi la problématique du personnel soignant avec des pénuries toujours importantes, surtout pour le personnel infirmier. La situation financière de nos hôpitaux est de plus en plus fragile. L’étude met d’ailleurs en avant qu’il faut au plus vite envisager un refinancement global du secteur des soins de santé. Les hôpitaux lancent une nouvelle fois un appel de détresse, car il y a désormais urgence pour sauver ces structures de soins généraux.
"Le secteur se trouve en tout cas à un tournant. Il est clair que le secteur hospitalier belge devient de plus en plus fragile financièrement d'année en année. Nous avons besoin d'un paysage de soins robuste, dans lequel les hôpitaux peuvent absorber les chocs et se préparer à des développements profonds, tels que le vieillissement de la population et la transition énergétique. Chaque partie prenante devra apporter sa pierre à l’édifice pour assurer la robustesse du secteur hospitalier pour l’avenir", conclut l'analyse.