Au lendemain des déclarations fortes du GIEC sur l'urgence climatique, le gouvernement wallon a confirmé en deuxième lecture l'adoption de son Plan Air Climat Énergie 2030 (PACE 2030). Ce plan l'engage à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre, à doubler les énergies renouvelables d'ici à 2030, à améliorer la qualité de l'air et à réduire la précarité énergétique, a indiqué le ministre régional du Climat, Philippe Henry, mardi au cours d'une conférence de presse.
Un accord sur ce texte était déjà intervenu, en première lecture, en décembre dernier. Il a ensuite été soumis à consultation et une trentaine d'acteurs ont finalement remis un avis permettant de compléter ou d'adapter les actions prévues en tenant compte des réalités du terrain.
On le sait, l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments par leur rénovation et le passage d'énergies fossiles aux énergies renouvelables constitue l'un des axes majeurs du PACE.
Dans ce cadre, un calendrier d'obligations progressives de rénovation des biens résidentiels a été défini. Il prévoit notamment que les biens mis en location pour la première fois par leur propriétaire, soient au minimum de label F en 2025, de label E en 2028, D en 2031 et ainsi de suite. Pour les biens qui sont déjà en location, l'obligation interviendra au moment du changement de locataire, également tous les trois ans mais à partir de 2027. Et en cas de changement de propriété, les nouveaux propriétaires auront cinq ans pour atteindre un niveau minimal de performance énergétique : label D à partir de 2026, label C à partir de 2031, etc.
Cette planification, qui se développe également dans les régions et pays voisins, est demandée notamment par le secteur de la construction pour anticiper l'offre et booster les techniques adéquates, a assuré le ministre.
Ce nouveau plan offre par ailleurs l'opportunité de créer des emplois de qualité et non délocalisables, conduisant au développement de nouvelles formations et filières liées aux défis énergétiques en collaboration avec les partenaires sociaux, a de son côté souligné la ministre wallonne de l'Emploi, Christie Morreale.
Le texte confirme aussi l'objectif wallon de doublement à 2030 de la production d'énergies renouvelables, alors que la Wallonie amorce sa sortie complète des énergies fossiles à l'horizon 2050 en planifiant des étapes successives de remplacement des chauffages au charbon et au mazout par des alternatives, et en stoppant tout subside public aux énergies fossiles:
Le plan signe ainsi la fin de l'installation d'appareils pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire au mazout et au charbon à partir du 1e mars 2025 dans les bâtiments neufs. Une échéance fixée au 1er janvier 2026 pour les bâtiments existants en cas de remplacement d'une ancienne installation. Outre les aides au chauffage renouvelable déjà existantes et renforcées, une prime à l'enlèvement des cuves sera mise en place, a encore affirmé Philippe Henry.
"En complément de ces mesures, il est également crucial de se donner des objectifs ambitieux pour réduire les pollutions atmosphériques et améliorer la qualité de l'air, qui constitue un véritable enjeu de santé publique. À cet effet, la Wallonie visera au respect des nouvelles recommandations de l'OMS à l'horizon 2050, avec des jalons intermédiaires pour 2030 et 2040", s'est félicitée la ministre régionale de l'Environnement, Céline Tellier.
Les décisions difficiles reportées au-delà de 2024 selon les engagés
"Le gouvernement wallon reporte les décisions difficiles au-delà de 2024", a regretté le chef de groupe des Engagés au parlement régional, François Desquesnes. "Tout ce qui a été présenté sent le réchauffé et surtout, pas un mot n'est dit sur comment l'exécutif compte s'y prendre pour aider concrètement les ménages", a-t-il estimé.
"Comment le gouvernement va-t-il financer ce plan? D'où viendra le budget? Le ministre Henry parle du plan de relance mais ce dernier est déjà affecté à d'autres projets, dont certains sont anecdotiques. Tout reste complètement évasif", a ajouté le député centriste.
"On ne veut pas d'une écologie punitive: si on impose des mesures aux gens, il faut leur en donner les moyens. Or, ce que fait le gouvernement Di Rupo, c'est renvoyer à plus tard - et donc pour la prochaine majorité - les décisions difficiles alors que les caisses sont vides", a conclu François Desquesnes.
Source: Belga