Le secteur technologique a enregistré sa plus grande perte d'emplois en 12 ans au cours des 9 premiers mois de l'année 2024, selon le nouveau moniteur conjoncturel de la fédération technologique Agoria. Cela la "pression énorme" à laquelle est soumise le secteur technologique belge, selon Agoria.
Plus de 5.000 postes dans le secteur technologique ont ainsi été supprimés depuis le début de l'année à la suite de restructurations. L'ensemble des domaines sont concernés par ce recul, y compris celui des technologies de l'information (IT), habituellement solide.
Le nombre d'entreprises ayant recours au chômage temporaire a également fortement augmenté en comparaison à l'année dernière, passant de 3,9% au début de 2023 à 6% un an plus tard.
Pour l'ensemble de 2024, 9.300 postes devraient disparaitre, selon les prévisions de la fédération. La situation est telle que le secteur technologique pourrait ne pas être capable d'atteindre son objectif de taux d'emploi, fixé à 80% d'ici 2030.
Au cours du premier semestre 2024, l'activité manufacturière technologique a par ailleurs chuté de 7% sur base annuelle. Le recul de l'activité le plus marqué a été observé dans les domaines de la construction mécanique et de l'automobile. Le secteur IT a, lui, enregistré une croissance de 2,5%, contre une hausse de 6% en moyenne au cours des dix dernières années.
Avec 4,4% de part de marché, les exportations belges sont également tombées à un niveau historiquement bas au cours des six premiers mois de l'année.
"Huit des dix indicateurs de notre baromètre conjoncturel sont dans le rouge", s'alarme le CEO d'Agoria, Bart Steukers, face à ces chiffres. "Nous nous trouvons à un moment charnière. Nous pouvons encore corriger les choses mais il ne faut pas laisser trainer la situation", poursuit-il.
Des mesures d'urgence doivent dès lors être mises en place afin de remettre l'industrie au premier plan, selon Agoria. Cela passe notamment par le renforcement de la compétitivité des entreprises technologiques belges, à travers la sécurité de l'approvisionnement en énergie, une réduction du handicap salarial, ainsi qu'une limitation des obligations réglementaires inutiles.
"La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré qu'elle souhaitait réduire de 25% la charge réglementaire pesant sur les entreprises. Notre nouveau premier ministre devra faire de même dans les semaines à venir", illustre à ce sujet M. Steukers. Également au niveau européen, "le rapport Draghi est prêt et contient 170 recommandations pour relancer l'industrie européenne. C'est maintenant au gouvernement de ce pays de faire la traduction", poursuit-il.
"Si l'on veut relever le défi climatique, soutenir l'enseignement, les soins de santé, ou encore la transformation digitale, nous devons augmenter notre prospérité. La Vivaldi était 'all in' pour le pouvoir d'achat. Le futur gouvernement devra, lui, être 'all in' pour l'industrie", conclut Bart Steukers.