Le procès de Maude Dambremont a débuté lundi devant la cour d'assises du Hainaut à Mons. Elle est accusée d'une tentative de meurtre et du meurtre de son fils Yann. Lundi, après la lecture de l'acte d'accusation, Me Ricardo Bruno et Me Régis Brocca ont lu leur acte de défense : ils contestent les faits.
Maude Dambremont avait 21 ans au moment des faits et son casier judiciaire ne mentionne rien de particulier. Elle est mère de 3 enfants, Yann était le deuxième : il est né le 18 février 2019 et décédé le 15 septembre 2019. Pour rappel, le 17 septembre, le service pédiatrique de l'hôpital Notre-Dame de Grâce de Gosselies a signalé le décès de l'enfant aux autorités judiciaires. Une instruction a été ouverte le lendemain au parquet de Charleroi. Les légistes ont affirmé que l'enfant est décédé des suites d'une fausse route alimentaire. Il est mort étouffé par le lait qu'il venait de consommer.
Selon l'accusation, les faits ont été commis alors que l'accusée était atteinte du syndrome de Münchhausen par procuration, consistant à faire du mal à son enfant afin d'attirer l'attention des autres vers sa personne. Elle aurait volontairement gavé son fils, « ce qu'elle a toujours contesté avec énergie ». Selon les avocats, l'enfant est décédé de la mort subite du nourrisson.
Qualifiée par ses proches de mythomane et affabulatrice, Maude Dambremont l'était bien avant les faits, selon ses avocats.
« Ceux qui la qualifient de menteuse sont les premiers à déclarer qu'elle s'occupait bien de son fils Yann », s'indigne la défense.
« Elle s'inquiétait de l'état de santé de son fils »
Selon Me Bruno, l'accusée s'inquiétait de l'état de santé de son fils, de ses jambes bleues et marbrées, un problème au bras gauche, ses régurgitations, ses tremblements, son retard de croissance, etc. Selon la défense, elle s'est inquiétée auprès de proches.
« L’enfant n'avait pas la santé de fer, présentée par l'accusation », poursuit l'avocat. Il ajoute qu'elle craignait qu'on lui enlève son enfant, qu'elle avait pourtant placé dans une boîte à bébé à Anvers, quelques mois plus tôt.
L'accusé a désigné un médecin comme responsable d'une erreur médicale, lançant une cagnotte sur Facebook dans le but de pouvoir organiser sa défense auprès d'un professionnel du droit. Le médecin, indigné, s'est constitué partie civile et l'affaire n'a pas encore été jugée en correctionnelle. Pour la défense, un syndrome de Münchhausen par procuration arrange le monde médical, rejetant ainsi toute la responsabilité de la mort de l'enfant sur les épaules de sa mère.
Les avocats de la défense ont fait appel à une expertise technique en matière médicale. Leur expert ne conclut pas sur un gavage de l'enfant, comme les experts désignés par le juge d'instruction.
Des rapports médicaux qui se contredisent
Me Régis Brocca a critiqué le juge d'instruction et le magistrat du parquet, remettant en cause leur impartialité dans le cadre de l'enquête, bafouant ainsi la présomption d'innocence.
« Le premier rapport du médecin psychiatre et du psychologue ne mentionne pas de Münchhausen par procuration. Le magistrat instructeur a cherché des médecins spécialisés dans ce syndrome, et le substitut du procureur ne pouvait l'ignorer. Ce choix posé a été très lourd de conséquences pour Madame Dambremont », déclare l'avocat.
Un rapport d'expertise médico-légale, rédigé 8 mois après les faits, indigne la défense, laquelle ajoute que l'expert a partagé les thèses en présence. La défense est convaincue que l'expert s'est limité à confirmer la thèse du collège d'expert, faute de temps nécessaire pour éplucher ce volumineux dossier, faisant fi de la contre-expertise sollicitée par la défense.
Concernant les recherches effectuées par l'accusée sur internet, au sujet d'un bébé étouffé accidentellement, la défense estime que cela n'en fait pas une meurtrière, elles ne sont pas déterminantes.
La défense plaidera l'acquittement. L'accusée sera interrogée par la cour lundi en début d'après-midi.
Source : Belga
A.P.