A 12h30 ce vendredi, la cour a condamné Domenico Puddu à la réclusion à perpétuité. La Cour et les Jurés n’ont donc retenu aucune circonstance atténuante envers l’accusé.
Retour sur le déroulement de la matinée
Pour cette dernière journée du procès de Domenico Puddu aux Assises de Mons, l’avocat général François Demoulin est d'abord intervenu au sujet de la peine ce matin, en rappelant que la peine prévue par la code pénal pour des faits d’assasinat est la réclusion à perpétuité et que la notion de circonstance atténuante a le pouvoir de modifier cette peine. Il s'est ensuite lancé dans une dernière longue intervention face aux jurés. Hier, Domenico Puddu a été reconnu coupable de l'assassinat de Jean-Yves Wargnies, de menaces contre Christophe Bertelli, et de port d'une arme.
« Le jury, c’est vous qui allez décider du sort de Domenico Puddu. Et dans votre réflexion, n’oubliez pas la victime. Soyez attentifs aux actes et comparez-les avec les mots de l’accusé", précise d'emblée l'avocat général François Demoulin.
"Ce procès, c’est pour éviter que Jean-Yves Wargnies soit mort en vain. Il faut confronter Mr. Puddu à ses choix, et pas le conforter dans ses choix, cette nuance a toute son importance », ajoute-t-il.
« C’est vrai, on l’a découvert lors du procès, Domenico Puddu a aidé à un moment des enfants d’une famille voisine, en les aidant à s’instruire. Mais c’était toujours sur fond de psychorigidité. Et ces contacts avec ces gens n’ont pas incité l’accusé à changer. Le chemin vers la compréhension et la remise en question pour monsieur Puddu me paraît encore loin. Je ne trouve aucun élément atténuant dans le chef de l’accusé. Ses traits de caractère, ses choix de vie sont profondément fixés. Et le fait d’être plus âgé (70 ans), n’est pas non plus une prime à la clémence pour tuer ».
L’avocat général a aussi évoqué le lieu où s’est déroulé le drame : la rue. Il insiste également sur cette volonté -jamais remise en question- de Puddu de « finir le travail », selon les termes de l’accusé, en tirant une balle à bout portant dans la tête de la victime.
« Jean-Yves Wargnies avait une personnalité aux antipodes de celle de Puddu et c’est tout l’enjeu de ce dossier. Jean-Yves Wargnies, c’était l’ami de tout le monde. Et monsieur Puddu, c’était l’ami de personne. Il ne s’agit pas de considérer l’accusé comme un monstre, mais de le ramener au déséquilibre qu’il a lui-même créé ».
L’avocat général insiste aussi sur le fait que la justice a été clémente avec Puddu lors de faits précédents pour lesquels il avait déjà été condamné et qui ne l’ont pas empêché de continuer. « Il n’a pas été capable de tenir compte des signaux envoyés par la loi. La clémence, elle ne fonctionne pas avec Domenico Puddu. La justice a déjà essayé la clémence ».
En regardant encore plus fixement les jurés, l’avocat général insiste : « On vous demande donc une sanction juste, humaine, mesurée et équilibrée. Monsieur Puddu par contre n’a jamais été ni juste, ni humain, ni mesuré, ni équilibré. Pour l’ensemble de ces raisons, ne trouvant aucune circonstance atténuante, je requiert contre lui une peine de réclusion à perpétuité. J’ai dit ».
La défense argumente : "monsieur Puddu, ce n'est pas que du mauvais"
L’avocat de Domenico Puddu, Me Thomas Puccini, a ensuite demandé aux jurés de retenir au moins une circonstance atténuante en faveur de Domenico Puddu.
« l’absence de mots de Mr. Puddu ne veut pas forcément dire qu’il est dans cette froideur que l’on a pu décrire régulièrement dans ce procès. Mon client est résigné. Non, l’existence de monsieur Puddu, ce n’est pas que du mauvais", explique-t-il.
Me Puccini tente ensuite de le démontrer, notamment avec ces arguments : « Par rapport à son enfance, son adolescence, monsieur Puddu a été éduqué dans une famille italienne. Etant moi-même italien d'origine, je connais bien ce type d’éducation méditerranéenne, qui est relativement psychorigide, avec une notion de respect très marquée. Il faut se faire respecter et ne pas se laisser faire. Je ne dis pas qu’il faut en arriver à de tels faits, bien entendu. Mais dans ces familles, la rigidité est transgénérationnelle. Je veux dire par là que cette attitude froide et stricte de monsieur Puddu est en corrélation directe avec ce type d’éducation". En d’autres mots, selon son conseil, la personnalité de Puddu aurait été forgée par cette éducation.
"Par ailleurs, la réussite de ses études et sa carrière professionnelle chez Caterpillar jusqu’en 1995 pourraient être considérées comme des circonstances atténuantes. Car quand on dit que monsieur Puddu n’est pas capable de vivre en société, il a quand-même travaillé pendant des années dans une entreprise qui employait plusieurs milliers de personnes ».
Ensuite, le Président de la Cour d'Assises invite l'accusé à se lever pour une dernière déclaration. Puddu ne dit que quelques mots: « je regrette, même si mes regrets ne pourront malheureusement rien changer. En commettant cet acte, je ne me suis pas rendu compte du tort que j’allais faire à tant de monde, aux proches, à la famille... ».
La séance a ensuite été levée pour permettre aux jurés d'entamer la dernière délibération, celle de la peine. A 12h30, Doménico Puddu était condamné à la réclusion a perpétuité.
Ch. B.