Des terrils du Pays noir aux gratte-ciel de "Big Apple", il y a plus qu'un pas et même qu'un océan: il y a la détermination sans faille d'un jeune Belge qui veut porter la voix de la jeunesse jusqu'au cœur même des arcanes de l'Onu.
Sean Nart a 22 ans. Ce Carolo étudie les sciences politiques à l'ULB et est membre depuis 2021 du Forum des Jeunes, un organe porte-parole de la voix des jeunes (16-30 ans) francophones en Belgique. C'est à ce titre qu'il a fait le voyage jusqu'à New York, où se tient la 79e session de l'assemblée générale de l'Onu, "la" grand-messe diplomatique annuelle qui réunit la plupart des dirigeants de la planète.
"Je suis là pour rappeler l'importance à la fois de nous inviter à ce genre d'évènement mais aussi de nous laisser une place qui fait sens et pas juste de nous avoir à l'arrière-plan", explique celui qui a déjà participé, depuis son arrivée, à plusieurs évènements organisés dans le cadre de l'assemblée générale de l'Onu et doit encore mettre sur pied un "side event", l'un de ces nombreux évènements organisés en marge du grand ballet diplomatique. Le jeune Belge, qui a pu rencontrer la reine Mathilde à New York, a été autorisé à écouter, au sein même de l'enceinte ultra-sécurisée de l'assemblée générale, le discours du Premier ministre Alexander De Croo.
Au siège de l'Onu, Sean Nart et d'autres jeunes sont venus défendre l'idée d'une "charte des droits des jeunes". "Un texte international qui donnerait des droits aux jeunes et protégerait ces droits. Pas un énième texte qui ne servirait à rien", explique-t-il. "C'est un plaidoyer que nous portons avec le forum européen de la jeunesse et d'autres pays. L'idée serait d'avoir un nouveau texte qui reconnaisse la jeunesse comme telle et lui donne tels droits. Ce serait aussi l'occasion de faire mieux connaître leurs droits auprès des jeunes."
Mais quels droits au juste ?
"Le droit à l'autonomie, le droit à une éducation de qualité, le droit à la participation, le droit à un environnement sain, le droit à un avenir enviable...", énumère Sean Nart. "L'avenir ne s'annonce pas glorieux, malheureusement. Les jeunes ont beaucoup d'espoir mais aussi quelques craintes", poursuit le représentant du Forum des Jeunes.
Certes, les jeunes sont venus se faire entendre, mais sont-ils pour autant entendus ?
"Il y a des améliorations, comme le fait de faire partie de la délégation belge", répond, sans détour, Sean Nart. "Que ce soit en Belgique ou à l'international, on nous donne de plus en plus la possibilité de prendre la parole. Mais je ne suis pas naïf. Il y a encore du chemin à faire. On est encore loin d'un système qui inclut les jeunes efficacement et dans leur diversité."
Peut-être plus encore cette année, la présence de représentants de la jeunesse s'avère pertinente. Les 193 Etats membres de l'Onu ont en effet approuvé dimanche dernier un "Pacte pour l'avenir" qui comporte, en annexe, une "Déclaration sur les générations futures."
Sean Nart se dit encore très fier de représenter les jeunes dans un endroit où ils ne le sont pas ou peu. "On est plus ou moins deux milliards sur Terre et pourtant on est peu voire pas présent ici, ce qui est quand même lunaire", estime-t-il.
Outre le rôle de porte-voix, le délégué Onu du Forum des Jeunes réalise aussi un travail de relais, en partageant son expérience et en rapportant aux autres jeunes "ce qui se passe ici." Mais voilà que Sean Nart regarde l'heure: il est déjà 11 heures ! Le jeune homme, dont les journées sont bien remplies à New York, a un autre rendez-vous à honorer… "Je suis conscient que je ne change pas le monde mais j'ai l'impression d'apporter ma petite pierre à l'édifice", dit-il enfin, résolu, avant de repartir d'un pas décidé vers l'immense tour qui sert de siège aux Nations unies.