C’est une histoire tragique, mais aussi surprenante. Ali Kaddour est algérien et a rejoint la Belgique pour devenir mineur au Bois du Cazier en 1955. Malheureusement, le 8 août 1956, il décède comme 261 autres mineurs. 67 ans plus tard, son corps va rejoindre son village natal: Affensou. Un dernier hommage lui a été rendu sur l'ancien site minier à Marcinelle.
Le 8 août 1956, 262 mineurs décèdent dans la catastrophe du Bois du Cazier. Parmi les victimes, Ali Kaddour, d’origine algérienne. Il rejoint la Belgique en 1955 pour fuir sa ville natale Affensou qui est en guerre et devient alors mineur. Il était affecté comme manœuvre à la taille 2 Gros Pierre Levant à l’étage 1035. L’homme a été inhumé à la parcelle 34 du cimetière de Marcinelle, lors des dernières funérailles collectives, le 19 septembre 1956.
"Je suis né 18 ans après sa mort, indique Abdelkader Kaddour, neveu d’Ali Kaddour. Mais toute la famille n’a cessé de parler de lui et c’est une légende pour nous, car c’est un homme courageux. Il est venu ici, en Belgique pour travailler, il était à plus de 1963 kilomètres de sa ville natale. "
Ali Kaddour a été reconnu à l’époque uniquement sur base d’effets personnels. Mais en 2022, plusieurs photos de mineurs disparus ont été publiées sur les réseaux sociaux afin de retrouver leur famille.
" J’ai vu une photo de lui sur Facebook, explique Abdelkader Kaddour. C’est comme ça que l’enquête s’est déclenchée. Après 67 ans, il sera enfin inhumé dans le carré familial, près de son père et sa mère."
Une requête d’exhumation de la dépouille à alors été réalisée par le Bois du Cazier à la demande de la famille du mineur.
" Le Bois du Cazier a approuvé cette démarche, détaille Colette Istas, directrice du Bois du Cazier. Paul Magnette, le bourgmestre de Charleroi a également appuyé cette demande et Ali Kaddour a été exhumé et repart dès demain en Algérie dans sa famille qui va enfin pouvoir faire son deuil. "
Symboliquement, Ali Kaddour repart du Bois du Cazier, là où tout a commencé. Le mineur a salué une dernière fois ses compagnons dont les noms sont présents sur la stèle en marbre à l’entrée de l’ancien site minier.
L’homme d’à peine 25 ans aura quitté son pays pour fuir la guerre, mais laissera finalement sa vie dans une autre bataille, celle du charbon.
Clara Declercq