Les filles de l'accusé et de la victime ont témoigné devant la cour d'assises du Hainaut ce lundi après-midi. Pour parler notamment de la maladie dont souffrait leur mère, Eliane Abrassart, qui venait d'être opérée du cœur, et des conséquences sur son environnement immédiat. Alain Goffin est accusé d'avoir tué son épouse le 27 avril 2019. Il est en aveux de l'avoir étranglée.
La fille aînée du couple a déclaré qu'elle et sa sœur n'avaient jamais manqué de rien. L'ambiance familiale était normale, les parents étaient travailleurs, attentionnés et prévenants. Dans le couple, c'est Alain Goffin qui était le plus autoritaire. "Maman avait un caractère fort. Parfois, il y avait des discussions, des disputes."
Son mari est également venu témoigner et a déclaré se souvenir d'une belle-mère dépressive, "rabat-joie", qui se disputait verbalement avec son époux. Il précise que ce couple fonctionnait ainsi depuis plus de quarante ans.
La fille aînée se souvient que les problèmes personnels de sa sœur provoquaient aussi des tensions au sein du couple. "Je voulais organiser une fête pour mes 50 ans. Il y a eu une discussion entre eux, très forte en raison de la maladie de maman." Eliane Abrassart venait d'être opérée du cœur et Alain semblait à bout.
Sa fille aînée a pris le relais, "afin de lui permettre de souffler", mais la situation était difficile pour elle aussi en raison du changement de caractère de sa maman.
Le gendre a, lui, constaté que sa belle-mère perdait la mémoire au fil du temps, oubliant de préparer les repas et de prendre ses médicaments. Il se souvient que la victime était souvent perdue. "Elle faisait un déni de sa maladie", dit-il.
Un placement dans un centre spécialisé avait été discuté, "mais l'état de sa maladie n'était pas suffisamment avancé", selon le gendre. Selon sa fille aînée, Alain Goffin avait fait la demande d'un suivi, pour atténuer les tensions au sein de son couple.
L'accusé avait proféré des menaces de mort contre son épouse, mais sa famille n'a jamais pensé qu'il allait passer à l'acte.
Le jour du meurtre, l'aînée a eu plusieurs contacts avec sa maman. "Elle était en crise, très confuse dans ses propos. Elle prenait les propos de papa comme une attaque personnelle."
Le 27 avril 2019, en soirée, Alain Goffin a appelé son gendre après avoir tué sa femme. "Depuis plusieurs semaines, on allait souvent apaiser les choses chez mes beaux-parents. Il m'a appelé pour me dire : voilà, j'ai tué maman. J'appelle la police. Il a raccroché. À sa voix, j'ai compris qu'il avait bu un verre, car il zozotait." La fille aînée du couple était effondrée.
Après les faits, Alain Goffin a été pris en charge par sa fille aînée et son gendre. "On ne peut pas pardonner, mais on peut essayer de comprendre. Les structures médicales ne nous ont pas aidés. Mon épouse n'a pas voulu le laisser là comme un chien", a déclaré le gendre. Ce dernier dit avoir parlé des faits avec son beau-père, qui lui aurait confié regretter son acte.
"Elle était malade, ce n'est pas de sa faute et on lui fait des reproches sur son comportement", a enchaîné Me Etienne Gras, avocat de l'autre sœur, également appelée à la barre pour témoigner. Celle-ci se souvient que son père avait frappé sa mère à plusieurs reprises. Elle s'est parfois placée entre les deux, incitant son père à arrêter. "J'ai vécu certaines scènes durant lesquelles il était violent avec elle."
Plus tard, la cadette dit avoir été mise à l'écart concernant la maladie de sa maman. "Je voulais inviter mes parents à la fête de l'école de mes enfants. Maman voulait, mais pas papa. Il a commencé à s'énerver, déclarant que maman ne savait plus marcher. J'ai proposé une solution, mais il a refusé. Après, ils ont accepté, mais ils ne sont pas venus. Maman est décédée."
Elle aussi avait constaté que son père était épuisé, face à la maladie. "Je suis allée le voir en prison pour lui demander pourquoi il avait fait ça. Je n'ai pas eu de réponse. Maman ne méritait pas ça !"
Alain Goffin est accusé du meurtre de son épouse, commis à Ham-sur-Heure-Nalinnes le 27 avril 2019, et de menaces envers celles-ci, proférées un an plus tôt.
Source: Belga