Le procès d'Aïssa Mokhtari s'est poursuivi lundi devant la cour d'assises du Hainaut à Mons. L'Algérien âgé de 34 ans est accusé du meurtre du petit Diden, âgé de 18 mois, commis le 28 septembre 2021. Ce jour-là, il était chargé de surveiller l'enfant de sa compagne à Jumet.
Le juge d'instruction et les policiers ont exposé les éléments qui ont conduit à l'inculpation de l'Algérien, notamment qu'il était seul avec l'enfant dans la maison, durant cette funeste journée. Toutefois, il n'était pas connu pour des faits de violence. Il semblerait même qu'il s'entendait bien avec l'enfant, qu'il considérait comme son fils.
En matinée, lors de l'instruction d'audience, l'accusé a soutenu qu'il s'agissait d'un accident par noyade et que les lésions constatées par les médecins légistes dans le ventre ont probablement été faites lors des manœuvres de réanimation qu'il a effectuées après avoir sorti l'enfant du bain.
Cependant, une experte de la police scientifique a soupçonné la présence d'une marque de pied sur le torse de l'enfant. "C'était fragmentaire, nous n'avons pas pu faire une analyse approfondie", dit la policière.
La déposition du médecin légiste était attendue, elle a eu lieu dans la foulée.
L'examen externe du corps a permis de découvrir des ecchymoses sur le corps de l'enfant âgé de 18 mois, sur le front, les joues, le menton, le cuir chevelu, l'abdomen, le dos, ainsi qu'un volumineux hématome testiculaire et un abdomen tendu en raison d'une quantité importante de sang dans le ventre. Selon le médecin, l'ensemble des blessures ont été faites avant la mort de l'enfant, dans un délai de 24 à 48 heures, voire concomitante aux faits pour certaines d'entre elles.
Le pancréas était sectionné en deux parties, conséquence d'un impact sur la colonne vertébrale. Le traumatisme abdominal a provoqué le décès dans un contexte de choc hémorragique. "C'est un phénomène de contusion directe, de l'avant vers l'arrière. On peut voir ce type de traumatisme quand un pied est placé sur l'abdomen", indique le légiste.
Il précise qu'il faut un impact violent pour expliquer le traumatisme du pancréas, "il faut que ce soit un impact direct sur l'abdomen, un coup unique".
Lundi matin, l'accusé a déclaré qu'il avait tenté des manœuvres de réanimation, sur l'abdomen et non le thorax, pour sauver l'enfant. Selon le légiste, la section du pancréas n'a pas pu être provoquée par des manœuvres maladroites de réanimation. Il précise qu'il y aurait eu d'autres lésions et pas une section aussi nette.
Un énorme oedème cérébral a été découvert lors de l'autopsie, conséquence de la section du pancréas.
Enfin, le médecin légiste est affirmatif : il n'y a pas eu de noyade. "Si l'enfant avait été noyé, les poumons auraient coulé lors du test", indique le légiste. L'accusé a déclaré que de l'eau était sortie lors du massage cardiaque. Selon le légiste, cela ne change rien à ses conclusions. Il n'a pas retrouvé d'eau non plus dans l'estomac. Ce dernier était vide, ce qui indique que l'accusé a menti quand il a déclaré qu'il avait donné à manger à l'enfant, quelques minutes avant le drame.
Il ajoute que les cheveux de l'enfant étaient secs lors de l'examen pratiqué quelques heures après le drame. "Les urgentistes, intervenus quelques minutes après l'appel, ont déclaré que l'enfant était sec, que ses cheveux étaient secs", ajoute-t-il.
Pour le médecin légiste, la mort de l'enfant était plus que suspecte.
Me Brocca, avocat de l'accusé, demande si une chute sur le bord de la baignoire est compatible avec les lésions. "Il faut une projection, avec une zone de contact en relief. Un enfant qu'on laisse tomber par accident, tombe la tête la première. On n'aurait pas ce genre de traumatisme", conclut le médecin légiste.
Aïssa Mokhtari a une personnalité antisociale, selon les experts
Les experts ont conclu mardi, lors de la suite du procès en cours d'assises, qu'Aïssa Mokhtari était responsable de ses actes, n'étant atteint d'aucun trouble mental et qu'il présente des traits d'une personnalité antisociale. L'accusé est poursuivi devant la cour d'assises du Hainaut pour le meurtre du petit Diden, âgé de 18 mois, commis le 28 septembre 2021 à Jumet. Ce jour-là, il était chargé de surveiller le fils de sa compagne.
Les experts en psychiatrie ont conclu que l'accusé était responsable de ses actes, n'étant atteint d'aucun trouble mental. L'accusé a maintenu, devant les experts, la version accidentelle, soit la noyade de l'enfant dans le bain, battue en brèche par le médecin légiste qui a témoigné lundi.
L'accusé a eu des comportements problématiques lors de sa jeunesse, indique l'expert psychologue. L'accusé a consommé du cannabis très jeune.
Des traits de personnalité antisociale ont été mis en évidence lors des examens effectués par le psychologue, lequel relève que l'accusé était plutôt sur la défensive lors des tests. Une capacité de transgression qui interpelle les experts.
En séjour illégal, l'accusé trempait dans le milieu des stupéfiants. Il consommait de la cocaïne et du cannabis. Selon le toxicologue, il avait consommé de la cocaïne, du cannabis et du Lyrica avant les faits.