Depuis quelques jours, on n’arrête pas d’entendre et de voir circuler des informations concernant la pénurie de certains médicaments dans les hôpitaux belges. Or il s’agit de produits et molécules qui s’avèrent cruciaux pour les patients atteints de Covid-19 tout spécialement pour ceux qui se trouvent en soins intensifs. L’Association Francophone des Pharmaciens hospitaliers de Belgique a tenu à réagir à ces informations qui augmentent le sentiment de peur des citoyens. Depuis le mois de janvier, l’association suit de près la situation telle qu’elle s’est développée en Chine avant de gagner les autres pays.
La loi de l’anticipation
Les Pharmacies des hôpitaux ont, pour la plupart,prévenu très tôt leurs directions (générales, médicales, …) qu’un risque de rupture de stock de médicaments et de dispositifs médicaux à court, moyen et long terme pouvait survenir. Des actions ont donc été menées afin d’assurer l’approvisionnement et de constituer très tôt des stocks des médicaments qui allaient se révéler les plus indispensables pour lutter contre le Covid-19.Tom Charlier est pharmacien hospitalier au CHR Val de Sambre à Auvelais. Dans cet hôpital, on compte une trentaine de patients Covid19 et 11 personnes qui sont aux Soins Intensifs. Un chiffre qui reste relativement stable. Mais depuis le début de l’épidémie en Belgique, Tom est Il est donc sur la brèche.
« Très tôt nous avons du avoir une gestion de stock beaucoup plus serrée et suivre de très près les médicaments qui étaient utilisés aux soins intensifs pour soigner les patients qui étaient contaminés. Avec l’aide de l’Agence fédérale pour les médicaments et produits de santé , nous avons réussi à obtenir tous ce dont nous avions besoin. Donc il faut bien rassurer les patients et la population à ce niveau-là. Néanmoins il est clair que nous avons travaillé en étroite collaboration avec les intensivistes pour devoir trouver parfois des alternatives aux protocoles ( si certaines molécules manquaient) mais les patients ont toujours pu bénéficier de la même qualité de soins grâce à ce suivi rapproché »
Contourner les risques de pénuries
Les médicaments qui ont le plus vite posé problème, ce sont ceux qui sont nécessaires au support des patients ventilés en soins intensifs
: « donc on parle des curares, des sédatifs, des anti-douleurs. Ces médicaments ont pu être en rupture de stock chez nos fournisseurs habituels mais nous avons pu trouver des alternatives chez d’autres fournisseurs et dans les cas les plus extrêmes faire appel à l’Agence Fédérale pour qu’ils nous les fournissent. Mais jusqu’à présent nous n’avons jamais été confrontés à une situation où nous n’avions pas les médicaments pour répondre aux besoins médicaux »
La situation à Auvelais n’est sans doute pas comparable à celles d’autres hôpitaux comme Saint-Pierre à Bruxelles, qui ont vu la capacité des unités de soins intensifs augmenter et arriver presque à saturation. Dans de telles conditions la consommation de certains médicaments de réanimation a littéralement explosé, décimant les stocks de plusieurs mois en quelques jours à peine. Pour gérer cette situation, L’Agence Fédérale pour les Médicaments et les Produits de soins a prévu une clé de répartition, tenant compte des lits de soins intensifs et demande aux fournisseurs d’approvisionner les hôpitaux selon la clé de répartition
A flux tendu
Tom Le reconnait, cet approvisionnement se fait parfois à flux tendu
« Nous avons du faire appel à l’Agence fédérale car nous voyions un stock de certaines molécules diminuer rapidement et nous ’avons reçu cette livraison la veille du jour où nous serions tombés à zéro »
Vu la rapidité avec laquelle le COVID-19 s’est répandu, les mêmes médicaments ont été commandés partout à travers le monde au point que l’on se trouve presque
Pas d’alarmisme
Mais En Belgique, La diminution du nombre d’hospitalisation et de patients en soins intensifs, les effets du confinement qui empêchent un engorgement dans les services de soins intensifs permettent de voir aujourd’hui les choses plus sereinement
. Néanmoins, il est évident que les pays qui produisent ces médicaments ont un avantage par rapport aux autres. C’est le cas par exemple de l’Allemagne. Ce sera certainement un des enseignements à tirer de cette crise sanitaire.