Avec l’annonce du plan de déconfinement et le la conférence du conseil national de sécurité de vendredi, les esprits s’échauffent. Encore plus depuis la parution aujourd'hui dans le journal "le soir" de premières indiscrétions. Des fuites qui inquiètent l’union des classes moyennes d'autant que les grands oubliés sont d'ores et déjà les indépendants et plus particulièrement ceux l’Horeca. Le risque de "pandémie de faillite" menace.
Thierry Balzarini a ouvert son épicerie-restaurant-traiteur à Mont-sur-marchienne il y a deux ans. Après un long parcours dans la restauration passant par un restaurant avec plusieurs ouvriers, aux cuisines de l’Elysette à Namur, il avait décidé avec son épouse de revenir à cette formule plus familiale qui leur plaisait à tous les deux et leur permettait d’avoir des revenus raisonnables.
« Nous avons décidé d'ouvrir ce lundi en mode Take away parce que c’est difficile depuis un mois de payer les charges de loyer. Il y a l’épicerie à payer, mais il y a aussi la maison bien sûr. Par mois, rien que pour l’épicerie je dois remettre 2000 euros avant même d’avoir servi le premier plat. Avant, nous faisions table d’hôtes et nous nous en sortions avec 16 couverts, aujourd’hui il n’y a plus rien qui rentre. »
Avec un enfant en bas âge à la maison pas facile de continuer à travailler à deux. Thierry a donc décidé qu’il ouvrirait seul, le service traiteur. Il n’a aucune idée du nombre de repas à fournir pour s’en sortir, mais il compte sur le soutien de ses fidèles clients.
« Pour l’instant ça se met en place, on ne sait pas trop où on va, mais c’est la seule solution pour s’en sortir. Si à la fin du mois de Juin, je vois que je ne parviens plus à payer mes charges alors je mettrai la clé sous le paillasson. J’ai toujours travaillé et je n’arrêterai pas mais aujourd’hui le plus important c’est aussi de nourrir ma famille. »
"Si c'est le 4 mai, c'est pour tout le monde"
Depuis ce mercredi, on en sait un peu plus sur les intentions du groupe d'Experts en charge de l'Exit Strategy (GEES) en matière de déconfinement. Des premières indiscrétions qui ont fait réagir le président le l’union des classes moyennes - l’UCM - Pierre Frédéric Nyst.
« Nous avons été un peu étonné de ces fuites dans la presse, et ce n’est pas la stratégie que nous aurions spontanément adopté. Un scénario que nous préparons à notre manière de puis longtemps. Ici, il y a un message qui fait un peu que l'on se retrouve avec les petits contre les grands. Hors, les indépendants sont prêts et matures, ils sont capables de mettre en place des mesures de distanciation sociale dans leurs établissements. Donc je pense que l'on doit faire confiance à tous les indépendants petits ou grands et donc nous souhaitons que si le 4 mai est retenu comme date de déconfinemnet, ce le soit pour tout le monde."
Et parmi les oubliés de cette relance économique préconisée, il y a l'HORECA effectivement. Le secteur ne sait pas où il va, seule bouffée d'oxygène, les indemnités versées hier par la Wallonie et le droit passerelle (1600 euros par mois). Mais l'UCM demande à ce que l'on aille plus loin si l'on veut éviter la catastrophe.
"Alors, ils ont peur, c'est vrai, de voir leurs responsabilités engagées notamment parce que le port du masque est impossible dans le secteur. Il y a aussi deux tendances, certains sont prêts à ouvrir et à s'adapter en divisant, par exemple, leur restaurant en plus petites entités et d'autres après avoir fait leurs comptes estiment qu'ils doivent reprendre entièrement. Alors, on peut tout entendre mais il faut commencer à travailler sérieusement sur le déconfinement de l'Horeca, sinon on va vers une catastrophe."
Risque de faillites annoncé
Si l'on en croit le patron de l'UCM, ils sont nombreux dans tous les secteurs à perdre 90% de leur chiffre d'affaire en cette période de confinement. Ajouté à cela que les PME en Wallonie ce sont en moyenne 8 à 9 personnes salariées et on obtient un bain social.
" Si la crise se prolonge, notamment pour l'Horeca. Nous sommes également pour un moratoire des faillites, il faut empêcher que des gens de l'horeca soient mis en faillite jusqu'en décembre 2020. Il faut aussi travailler sur la TVA et, en accord avec les fédérations wallonnes, tout ramener à 6% temporairement et que le restaurateur s'engage à ne pas augmenter ses prix, cela lui permettrait de renforcer sa trésorerie et d'avoir un peu plus de cash. Cela permettra enfin à l'horeca de se retourner et d'identifier les dettes avec les comptables et de travailler sur un plan de redressement. Sinon, il y a un gros risque de ras de marée de faillites"
UCM souhaite donc qu'une perspective soit donnée à l'horeca. Le secteur doit connaître au plus vite les règles et aménagements qui permettraient une reprise progressive de l'activité.
Les sacrifices consentis par la population et en particulier par les entrepreneurs ont porté leurs fruits : l'épidémie est restée sous contrôle. Il faut évidemment garder à l'œil la situation sanitaire. C'est la responsabilité des scientifiques.
Il faut en même temps limiter la catastrophe économique et éviter un appauvrissement généralisé. C'est la responsabilité des autorités politiques.