Je vous propose de partir à présent la rencontre d’une grande dame : Ginette Kolinka. Cette survivante des camps d'Auschwitz-Birkenau arpente les établissements scolaires pour transmettre son récit aux plus jeunes. Elle était hier au Bois du Cazier pour témoigner devant plus de 300 élèves de l’Athénée Royal Jules Destrée de Marcinelle. À 97 ans, l’énergie ne lui manque pas afin de faire passer au mieux son message : il ne faut jamais oublier.
Elle a vécu l’horreur, elle a subi les conséquences de la haine, et pourtant aujourd’hui, elle est le symbole de la résilience. Ginette Kolinka est une survivante du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Et depuis plusieurs années, elle est passeuse de mémoire. À 97 ans, c’est avec énergie et précision qu’elle raconte son histoire mais aussi celle de millions de Juifs. Sa mission est de parler encore et encore pour que personne n’oublie, jamais.
« J’en parle pour que les jeunes se rendent compte que ça a existé. J’ai vécu ce que je raconte. J’ai eu la chance de m’en être sortie, d’autres ont vécu la même chose mais ne sont plus là », explique Ginette Kolinka, passeuse de mémoire
Tous ceux qui croisent sa route sont invités à devenir, à leur tour, des passeurs de mémoire. Les élèves de l’Athénée Royal Jules Destrée témoignent :
« C’était émouvant d’en apprendre plus sur elle. Ça permet de mieux comprendre et de mettre en avant que nous sommes tous pareils ! Rien ne devrait nous différencier ! »
« Ce témoignage nous permet de nous rendre compte qu’il y a bien pire que ce qu’on vit, qu’il y a bien pire que 3 interrogations, … À son époque, elle était dans un camp de concentration ! Je suis très émue. »
La résilience face à l’inimaginable
Ginette Kolinka a vécu l'inimaginable. Si aujourd’hui la haine qu’elle éprouve pour les nazis est évidemment toujours forte, il fut un temps ou ses émotions, elle n’en voyait plus la couleur.
« On est rapidement transformé en quelqu’un d’inhumain, en quelques heures. De quelqu’un de normal, vous n’êtes plus rien! »
Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est par exemple avec le sourire que Ginette évoque son fameux numéro, tatoué à son arrivée au camp. Il faut dire que dès sa libération, Ginette Kolinka a décidé d’avancer et de se reconstruire.
« Je suis rentrée à 21 ans, je me suis marié à 28. J’ai eu le temps de récupérer ! Dès que j’ai commencé à travailler, la déportation c’était terminé pour moi… Enfin, ce n’est jamais réellement terminé. »
La force de sa résilience est sans limite. Ginette Kolinka a fondé une famille, elle est d’ailleurs la maman de Richard Kolinka, batteur du groupe Téléphone. C’est donc au son de sa batterie que l’on chantait à l’époque « Je rêvais d’un autre monde ». Quel sens donner à cette phrase ?
« Moi, je suis heureuse alors je ne rêve pas d’un autre monde ! Je souhaite à tout le monde d’avoir la chance que j’ai eue. À part cette période de malchance entre 1942 et 1945, je souhaite à tout le monde d’avoir la vie que j’ai eue ! »
Apolline Putman
