C’est à la suite d’une visite au cimetière militaire américain de Colleville-sur-Mer, que les élèves de 1ère année de Institut Notre-Dame de Thuin ont souhaité inviter Yvan Leriche. Un homme passionné par le photoreportage et l’histoire de John Daum, un GI mort le 8 juin 1944 en Normandie à qui il a adressé une lettre émouvante en 2007. Un courrier, déposé par la suite à l'endroit où repose John Daum.
Via cette visite, c’est avant tout le travail de mémoire qui était entretenu auprès de tous ces jeunes. Un beau moment de partage et d’échanges, afin de ne jamais oublier le passé et tous ces hommes qui ont combattus pour notre liberté.
Voici la lettre écrite par Yvan Leriche:
« John,
On ne se connaît pas, on ne sait rien l'un de l'autre et pourtant je te dois tellement de choses de ma propre vie.
Je ne sais rien de toi ou très peu. Je ne connais pas tes goûts, ce que tu aimais faire, ce que tu aimais dire, ce que tu aimais entendre, si tu aimais une fille là-bas au pays, ce que tu aimais de la vie, de ta trop courte vie.
John, tu es ici depuis plus de soixante ans, sur cette terre de France où tu as vécu tes derniers moments afin de prendre part à la libération d'un pays, d'un continent tout entier, d'une civilisation. En découvrant ton visage, j'ai beaucoup pensé à toi. Ton visage est presque celui d'un enfant, visage rosé avec de bonnes joues que tu avais là. Ton sourire m'a laissé imaginer que tu étais certainement un garçon espiègle, rieur et plein de vie.
C'est alors que j'ai sombré dans une immense tristesse aussi, car je sais que ce 6 juin 1944, lorsque tu as sauté dans cette nuit noire et froide sur cette terre Normande, tu as dû avoir si peur. Une peur presque animale face à l'inconnu. Peur d'être éloigné de tes compagnons d'armes, peur de te retrouver seul, peur de ne plus jamais voir les tiens, peur de la mort.
Tu as pourtant survécu à cette nuit historique et tu as tenu deux longues
journées, car tu es parti le 8 juin. Je me demande comment ont été pour toi ces derniers moments de ta vie, avec qui as-tu passé tes dernières heures ?
J'espère du fond de mon cœur que tu n'étais pas seul, car je suis certain que tes compagnons auront alors fait l'impossible pour te tenir en vie et de te rassurer et aussi, loin de toutes les peurs.
J'ai pu lire les courriers adressés à tes parents, lors de ta disparition, et
j'ai pu constater également que tu étais très apprécié de tes frères d'armes.
Avant de te dire au revoir, John, je voudrais que tu saches combien je suis conscient que par ton sacrifice ultime et celui de milliers d'autres garçons comme toi, je peux chérir ma liberté et avoir une vie hors d'un tourbillon de guerre.
Alors, pour te remercier de la façon la plus sincère, je te promets ceci : chaque fois que je passerai en Normandie je viendrai te voir et rester un petit moment auprès de toi, à regarder ce sol couvert d'herbes vertes et toucher cette croix blanche pour que tu sois moins dans le noir. Par ton souvenir que je garderai dans mon coeur, j'aimerais te redonner un peu la vie. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi, pour notre liberté à tous.
À très bientôt et que les « Dieux » te gardent. Yvan ».