Chaque année, la ligue des familles publie son baromètre. En 2020, le focus a été mis sur la santé et le constat est alarmant. Les familles s'appauvrissent. Difficulté financière en cas de maladie grave d'un des deux parents, report de soins, difficulté liées à la Covid-19, tout y passe dans ce baromètre. Christophe Cocu, le directeur général de la Ligue des Familles, nous résume les conclusions de son baromètre.
Les réponses politiques aux besoins des parents sont trop timides et tardives, tant pendant la crise sanitaire qu’en ce qui concerne les grands défis de la vie de famille : c’est le principal constat du dernier Baromètre des parents de la Ligue des familles, un sondage Ipsos mené auprès de 1151 parents wallons et bruxellois, qui sort aujourd’hui.
Le Baromètre 2020 s'est focalisé sur les questions de santé : "Partout, le même implacable constat" relève Christophe Cocu, le directeur général de la Ligue des Familles.
"Nous sommes dans un des pays les mieux lotis au monde en matière de sécurité sociale, mais se soigner coûte cher, bien trop cher encore. Dans les familles les plus pauvres mais aussi dans les plus privilégiées, un problème de santé, et tout le ménage peut basculer dans les difficultés financières."
L'enquête auprès des familles montre que 48% d'entre elles, confrontées à une grave maladie d’un des parents rencontrent des difficultés financières, il en va de même pour 63% de celles qui sont confrontées à une grave maladie d’un enfant.
"Il y a des catégories plus touchées que les autres par la pauvreté. On peut citer les familles mono parentales ou les familles nombreuses recomposées."
congé parental à 15 semaines
Les parents attendent par ailleurs beaucoup plus d’ambition de nos gouvernants dans d'autres domaines de leur vie de famille. Le congé de paternité sera ainsi, en janvier prochain, porté à 15 jours, puis à 20 jours en 2023. La Ligue des familles s’en est réjouie : c’est une première étape importante. Mais les familles ont changé, les papas veulent s'impliquer et pour cela, ils ont besoin de temps.
« Il y a deux ans lorsque l’on posait la question au papa de savoir s’il souhaitait un congé de paternité de 15 semaines, ils disaient oui à 60%, aujourd’hui nous sommes à 67%. On remarque aussi qu’il y a une vraie volonté d’implication à la fois dans les tâches ménagères et la découverte du petit enfant. Une revendication qui va aussi dans le sens d’une répartition des genres dans le monde du travail. »
Une pétition est actuellement en cours, elle a déjà récolté 17 000 signatures.
Covid : 7 familles sur 10 se sont senties abandonnées
La crise du Covid-19 a eu l’effet d’un séisme pour tout le monde. Mettant la société à l’arrêt et renvoyant chacun·e chez soi, cette situation sans précédent a demandé une adaptation importante et a créé des difficultés très spécifiques pour les parents.
Et parmi ceux qui se sont sentis abandonnés, il y a deux types de "râleurs".
« il y a le « râleur" aisé qui estime que l’école n’a pas poussé assez ses enfants, il n’y a pas eu assez d’interactions avec l’école. Ils ont été mis en difficulté sur l’équilibre vie familiale - vie professionnelle aussi quand il a fallu assumer le télétravail et les enfants. Pour le « râleur » plus précarisé, ils se sont aussi sentis abandonnés par les écoles, mais parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’aider les enfants et de contacter l’école. Ils se sont aussi sentis abandonnés financièrement. Beaucoup dans des emplois précaires se sont retrouvés sans revenus. Là où ils se rejoignent c’est dans la manière de fonctionner en bulle familiale, beaucoup ne sont pas dans le schéma de la famille classique à deux adultes et deux enfants. Ce qui a sans doute guidé le gouvernement mais qui ne concerne finalement qu’un quart de la population. »
Le congé conciliation
Les parents, sont 6 sur 10 à éprouver des difficultés à concilier travail et vie de famille, réclament aussi des solutions nouvelles pour leur faciliter la vie : 77% d’entre eux plébiscitent ainsi le congé de conciliation, mesure imaginée par la Ligue des familles.
"L’idée c’est d’avoir un congé de 8 heures sur l’année à négocier avec l’employeur pour faire face aux petits accidents de la vie et permettre aux parents de s’occuper de leurs enfants."
La rente alimentaire reste un problème majeur
Quatre parents sur 10 ne reçoivent pas de contribution alimentaire. Tandis qu' un sur deux ignore l’existence du service des créances alimentaires (SECAL). Il est donc nécessaire de renforcer l’accessibilité à ce service et de diffuser de manière plus large l’information.
Le nombre d’infos centre est passé de 30 à 11 depuis sa création en 2003 (Bruges, Gand, Anvers, Louvain, Hasselt, Bruxelles, Mons, Charleroi, Namur, Liège, Neufchâteau.) Les bureaux ne sont ouverts que le matin et cette réduction des points de contact rend l’accès physique aux services du SECAL plus difficile.
« C’est un problème dans beaucoup de familles parce que c’est laissé à l’appréciation des parents. S' il y a une nécessité de récupérer la rente alimentaire, il faut faire appel à la justice, cela ne se fait pas automatiquement. C’est donc problématique ! Nous plaidons pour un recours au SECAL. et un système qui s’applique d’office à tous les couples séparés. »
Ces constats ne sont que quelques-uns de ceux qui ressortent de l'imposant baromètre de 50 pages, il y a encore :
- La prise d’un congé parental a représenté une difficulté financière pour la moitié (49%) des parents concernés
- 2 parents sur 3 (66%) sont favorables à un congé de paternité obligatoire
- 2 parents sur 3 (66%) estiment qu’il est difficile de trouver une place en crèche
- 1 parent sur 3 aurait besoin « souvent voire tous les jours » que les garderies scolaires ouvrent plus tôt le matin (35%) et plus tard le soir (32%)
- La moitié (51%) des mères estiment qu’un séjour de deux jours à la maternité est trop court.
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