Ce lundi, Alain Goffin, accusé du meurtre de son épouse, Éliane Abrassart, commis à Ham-sur-Heure-Nalinnes, le 27 avril 2019, a été interrogé par la présidente de la cour d'assises du Hainaut, Martine Baes. Il est également accusé d'avoir menacé d'un attentat son épouse, le 9 avril 2018, avec la circonstance aggravante de vulnérabilité.
Le couple, qui s'est marié en octobre 1967, a eu deux filles. Alain et Éliane ont plusieurs petits-enfants. Ils ont aussi été la famille d'accueil d'enfants de Tchernobyl, jusqu'en 2014. L'accusé précise qu'ils ont arrêté d'accueillir des enfants, car son épouse était dépressive.
Alain Goffin dit n'avoir rencontré aucun problème particulier avec son épouse, lors de leur mariage. Toutefois, l'acte d'accusation mentionne des menaces, proférées en avril 2018, ainsi que d'autres évènements qui ont eu lieu quelques années plus tôt.
L'une des deux filles du couple a raconté aux enquêteurs les faits d'avril 2018. "A la suite d'un différend concernant mon anniversaire, papa a menacé maman, en lui disant qu'il la tuerait et qu'il se tuerait aussi si je n'acceptais pas son virement bancaire comme cadeau d'anniversaire et si cela ne se passait pas comme il le voulait."
La fille décrit son père comme quelqu'un qui a toujours été autoritaire, impulsif, dominateur envers elle-même, sa sœur et leur mère. L'accusé prétend, lui, que son chantage au suicide était des paroles en l'air.
Neuf ans plus tôt, en 2009, Éliane a fait une fugue, craignant d'être battue par son époux. Elle s'était réfugiée dans une église, où elle fut retrouvée.
Deux ans plus tard, en 2011, Alain dit avoir tenté de mettre fin à ses jours par pendaison. "Elle se mettait dans des rages que je n'arrivais plus à contrôler", déclare-t-il.
Alain Goffin évoque sans cesse les maux dont souffrait son épouse. Il raconte qu'elle perdait la mémoire. "Elle oubliait souvent de cuire les pommes de terre, ce qui m'énervait", dit-il.
Éliane a fait l'objet d'un suivi médical, notamment au sein de l'hôpital Van Gogh à Charleroi, mais son mari déclare qu'il commençait à en avoir marre des tests qu'elle passait.
L'accusé raconte que ses journées, après sa retraite, étaient consacrées à son jardin. Les disputes se multipliaient au sein du couple. L'accusé prétend que c'est lui qui gérait la médication de son épouse. "Le soir, on ne se parlait même pas. Elle aimait beaucoup lire. On ne dormait plus ensemble. Avec le nombre de médicaments qu'elle prenait, elle ronflait."
Le 27 avril 2019, le couple est allé faire des courses au Cora de Châtelineau. Une dispute a éclaté dans le magasin. Ils ont mangé sur place et ont repris le bus. "Sur le trajet, je lui ai dit de se taire. Je me suis arrêté à Charleroi pour aller aux toilettes. Je l'ai vue dans un café et je me suis dirigé vers elle. J'étais fâché et je lui ai dit de retourner toute seule." Eliane est rentrée chez elle, seule.
Alain est remonté dans le bus et s'est arrêté à Mont-sur-Marchienne, pour boire un verre. Il est reparti chez lui en prenant le bus de 16h48. Il est arrivé dans son village vers 17h20, où il est allé boire un autre verre. "Elle m'a appelé, je n'ai pas décroché. J'étais tellement fâché que je n'ai pas répondu. Je m'attendais à des grossièretés..."
L'accusé ne nie pas qu'il a consommé des boissons alcoolisées, le jour des faits. Il est rentré chez lui vers 20h00. "Elle a recommencé avec ses grossièretés: t'as encore été voir tes putains? Je lui disais de se taire et j'ai commencé à la frapper. Je lui ai donné un coup dans le visage, un coup de colère. Elle est tombée dans le canapé. C'est là qu'il y avait du sang", raconte-t-il. La présidente constate qu'il n'a pas raconté la même chose lors de la reconstitution.
"Je suis allé me préparer une tartine. Elle a continué à dire des grossièretés, j'ai vu rouge. Je l'ai frappée à deux ou trois reprises et elle est tombée à terre", poursuit l'accusé. "Je me suis mis sur elle et je l'ai étranglée avec mes mains", mime-t-il froidement. L'accusé précise que sa femme criait, mais qu'elle n'était pas capable de se battre. Le médecin légiste a remarqué des traces de frottement, lors de l'autopsie.
Enfin, il déclare qu'il a voulu se pendre après le crime, mais la corde n'était pas suffisamment nouée.
Source: Belga