La présidente de la cour d'assises du Hainaut, Martine Baes, a interrogé lundi Kévin Di Mase (33 ans), accusé d'un vol avec circonstance aggravante de meurtre. L'homme prétend avoir tué Jean-Manuel Lange (53 ans) sous le coup de la colère, et avoir volé son portefeuille dans la foulée.
En cas de meurtre pour faciliter le vol, comme le soutient le parquet, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. En revanche, s'il s'agit d'un meurtre suivi d'un vol, la peine maximale est de trente ans de réclusion criminelle.
Kévin Di Mase dit avoir eu une enfance chaotique, entre foyers, familles d'accueil et internat. Il prétend avoir été battu par le patriarche de sa première famille d'accueil, où il est resté jusqu'à l'âge de sept ans. Plus tard, il dit avoir subi des attouchements de la part d'un adulte, alors que son frère aurait été abusé sexuellement par cet adulte.
Le jeune Kévin est ensuite rentré à l'internat. "J'y suis resté 365 jours sur 365. Je vivais très mal le fait de voir les autres rentrer chez eux le week-end ou partir en vacances. J'ai multiplié conneries sur conneries."
Cette jeunesse chaotique l'a conduit en Institution pour la protection de la jeunesse (IPPJ), à la suite de jugement rendu par le tribunal de la jeunesse de Bruxelles pour des vols avec violence, des coups, des menaces, etc. "À l'âge de 14 ans, j'ai assisté au meurtre d'un ami dans le centre de Bruxelles, qui a été égorgé à côté de moi."
L'accusé se décrit comme "un jeune en manque de repères" qui souhaitait rejoindre le domicile de sa maman, à Bruxelles. "J'y suis allé, à l'âge de seize ans, et cela s'est très mal passé. Elle m'a volé 57.000 euros". Une somme qui étonne la présidente.
Kévin Di Mase avoue un vol de 30.000 euros, perpétré dans un café qui l'avait engagé. Il raconte avoir tout dépensé lors d'un séjour sur la côte belge avec une copine. C'est à cette époque qu'il a commencé à toucher aux produits stupéfiants. Il a quitté Bruxelles pour Charleroi.
Toxicomane, voleur, Kévin Di Mase est envoyé en prison. À sa sortie, il se met à vendre de la drogue avec sa compagne, mère de son premier enfant.
Le 5 juillet 2020 vers 20 heures, il croise Jean-Manuel Lange, avec lequel il discute de leur parcours de vie. "Il m'a raconté qu'il avait tué des enfants lors de missions militaires à l'étranger, ajoutant qu'il avait abusé sexuellement de ses propres enfants. On s'est regardé dans les yeux. J'ai vu une larme couler de son œil. Cela m'a fait replonger dans mon passé. J'ai craqué et je lui ai porté un premier coup de poing."
Les deux hommes se battent. L'accusé confirme les analyses médico-légales, il a frappé la victime d'un coup de pierre à la tête et l'a étranglée. "J'ai pris son portefeuille et j'ai fait plusieurs retraits bancaires avec sa carte, tapant un code correspondant à la date de naissance qui figurait sur sa carte d'identité". Un coup de chance, dit-il.
Interpellé le 14 juillet, l'accusé désigne l'endroit où se trouve la dépouille de l'homme, porté disparu depuis le 9 juillet. "Je regrette sincèrement ce qui s'est passé, j'étais en colère", a déclaré l'accusé, lundi matin, lors de l'instruction d'audience.
Les avocats des parties civiles ne croient pas à sa version, en raison de son besoin criant d'argent pour assouvir sa consommation de drogues dures.
Le substitut du procureur a été interpellé par les différentes versions présentées par l'accusé, et les nouveaux éléments apportés lundi matin. Me Gras, pour la défense, répond que seule l'oralité des débats compte.
Source: Belga