Agression mortelle de Tomy Delmotte à Gosselies en 2017: Au tribunal, les témoins et le prévenu se sont exprimés

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La cour d'appel du Hainaut a auditionné, vendredi, les témoins directs de la scène de coup qui a coûté la vie à Tomy Delmotte, décédé en septembre 2017 sur le parking d'une discothèque à Gosselies à la suite d'une bagarre.

Dans le cadre de cette affaire, Anas Ateyaoui a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des coups ayant entraîné la mort de Tomy Delmotte, sans intention de la donner. Le caractère involontaire est remis en question par la partie civile. 
Lors de cette soirée, Tomy était accompagné de deux amis. L'un d'eux, Pierre, a raconté à la cour qu'une altercation verbale avait éclaté sur le parking. "Le groupe du prévenu, composé de trois hommes, est arrivé vers nous de manière agressive". Après avoir apaisé la situation, ils ont rebroussé chemin. Cependant, Tomy leur a ensuite fait un geste offensant, provoquant leur retour, au cours duquel il aurait reçu "un coup de poing dans le visage". Selon le témoin, la scène s'est déroulée sur le parking, et non sur la pelouse où la victime a été retrouvée. 

Le témoin a également expliqué qu'il avait pris la fuite par peur d'être passé à tabac par un homme qui le menaçait, ne se souvenant pas de l'identité de cet individu, étant donné qu'il avait consommé de l'alcool.
Anas Ateyaoui était également accompagné de deux hommes, Morgan et Najib, le soir de la bagarre. Selon le premier, "un seul coup" aurait été porté "au menton de la victime". Après l'agression, Morgan serait monté dans sa voiture et se serait approché de la victime inconsciente. "C'est là que j'ai compris que c'était grave. Lors de l'altercation, j'ai pensé que la victime était seulement sonnée", a-t-il affirmé. 
Le témoin n'aurait pas vu Karim en train de réanimer la victime, contrairement à ce que ce dernier aurait affirmé à Najib.

Karim n'a pas été entendu car il ne s'est pas présenté devant la cour, vendredi matin. 
Najib, un autre témoin, a quant à lui expliqué qu'il avait peu de souvenirs de cette soirée en raison de son état d'ivresse. D'après lui, l'agression se serait déroulée sur un terre-plein en terre et non sur un parking bétonné. "Anas lui a mis un seul coup, il n'y a pas eu d'acharnement. Tomy est tombé et n'a pas tenté de se relever. Pris de panique, je suis remonté dans ma voiture". Le témoin n'a pas su expliquer pourquoi le corps avait été déplacé, n'ayant rien vu.

Le prévenu s'exprime pour la première fois

Le prévenu Anas Ateyaoui, 33 ans, a aussi comparu ce vendredi. C'est la première fois que l'ancien boxeur semi-professionnel s'exprimait devant ses juges, lui qui avait fait défaut à son procès en première instance. Il s'y était rendu le jour du prononcé du jugement et il n'avait pas été arrêté à l'audience.

Le prévenu raconte qu'il avait passé la journée à fêter un mariage à Bruxelles. Il s'est ensuite rendu dans la discothèque de Gosselies, pour y passer la soirée. Au cours de la nuit, il est sorti pour accompagner son ami Najib, lequel ne tenait plus debout en raison de son état d'ivresse.
Il raconte que c'est une banale histoire de cigarette, réclamée par un ami de Tomy, qui a mis les deux groupes en contact sur le parking de la discothèque. Tomy se serait avancé vers lui, demandant s'il cherchait les problèmes. "Il a fait un mouvement d'épaule, tout en serrant son poing. Étant boxeur, j'ai compris qu'il voulait me donner un coup de poing. J'ai été plus rapide. Je lui ai mis un crochet du gauche dans le menton. Il est tombé comme une planche. Pour moi, il était seulement sonné, et pas en train d'agoniser", affirme le prévenu. L'ex-combattant en boxe thaïlandaise et anglaise précise qu'il avait raccroché les gants. 

Le trentenaire n'explique pas les lésions constatées par le médecin lors de l'autopsie. "Je ne peux pas en dire plus. J'ai seulement donné un coup, par réflexe. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après." Il ajoute qu'il n'a pas déplacé Tomy. "Je n'ai vu personne lui porter secours ou le déplacer", dit-il. 
Me Lauvaux, avocat de la partie civile, révèle qu'aucune trace de coup au menton n'a été relevée par le médecin légiste lors de l'examen médico-légal. Tomy n'était blessé qu'à la bouche.  
Anas, qui précise qu'il n'avait pas bu, a appelé deux amis restés dans la discothèque pour poursuivre la soirée ailleurs. Il a appris la mort de Tomy dans les journaux, mais n'a pas voulu se livrer à la police. "J'ai commencé à stresser. Nous avons parlé des faits avec les copains, sans pour autant accorder nos violons. Nous avions tous plus ou moins la même version. J'avais peur de ce qui allait m'arriver si je me rendais à la police." 
Le prévenu montre à la cour, plan à l'appui, le chemin qu'il a parcouru pour rejoindre sa voiture. Il précise que l'agression a eu lieu sur le parking du restaurant Buffalo Grill, non loin de l'accès à la route. 
Me Lauvaux, pour la partie civile, remarque que le prévenu a envoyé un message à 6h24 à une fille, dans lequel il se vante "d'avoir couché" quelqu'un. "Il termine sa phrase par un smiley", note l'avocat. 

Les services de secours ont été appelés à 6h46 par Karim, qui parle "d'une victime frigorifiée". Anas Ateyaoui déclare qu'il avait déjà quitté les lieux. L'avocat lui répond que son téléphone portable active la borne téléphonique qui couvre la discothèque. Anas devait donc se trouver non loin de là. "Je tiens à préciser que je n'étais plus présent et que cette antenne couvre tout le zoning", répond le prévenu. 
L'avocat de la partie civile note que les enquêteurs ont constaté que le prévenu avait effacé plusieurs SMS envoyés entre 4h51 et 6h32, la nuit des faits. Anas Ateyaoui répond qu'il n'a effacé que le SMS de 6h24 à sa copine, laquelle a parlé de deux coups lors de son audition à la police. Le prévenu estime que les policiers ont mis la pression sur ce témoin. 
La cour a prévu une audience de plaidoiries, qui aura lieu le 26 janvier 2024.

 

Cliquez ici pour revoir notre reportage de 2017: 

Source: Belga


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