En sa séance du 28 mai 2020, le Conseil communal de Fontaine l’Evêque a dit « Non » à l’enquête de l’ONDRAF sur l’enfouissement de déchets hautement radioactifs. C'est ici le principe du « mieux vaut prévenir » qui s’impose. L’enquête proposée par l’Organisme National des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies est trop courte et ne propose pas d’alternatives. C’est la conseillère Emilie Timmermans, qui mène la fronde, pour elle, le timing est particulièrement mal choisi.
En sa séance du 28 mai 2020, le Conseil communal a voté une motion contre le projet d’enfouissement des déchets hautement radioactifs de l’Organisme National des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) sur le territoire de la commune de Fontaine l'Evêque.
Un Délai trop court
L’ONDRAF, chargé de la gestion des déchets radioactifs, mène depuis le 15 avril et jusqu’au 13 juin 2020 une consultation publique (pour les communes et tous les citoyens) intitulée « Une destination finale pour les déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie en Belgique ». L’organisme propose au gouvernement fédéral d’adopter le « stockage géologique » (ou l’enfouissement) comme destination finale des déchets hautement radioactifs. Cette enquête est trop courte, selon la majorité PS/Mieux Demain, au vue de l'enjeu. Et pour la conseillère Mieux Demain, Emilie Timmermans, le timing est particulièrement mal choisi.
« Nous avons été élu pour protéger nos citoyens, mais ce problème se pose pour toutes les communes de Belgique. Ce qui est inquiétant dans cette proposition c’est que l’on ne prend pas le temps de discuter de la méthode. Et surtout on devrait décider de cette méthode sans en connaitre les modalités, c’est comme signer un chèque en blanc. Après une solution, il va falloir en trouver une, mais pourquoi se précipiter , pourquoi avoir ce timing aussi court et malvenu pour une décision aussi importante»
Ce qui énerve particulièrement la conseillère du groupe Mieux Demain, c’est que la destination finale des déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie n’a pas été prévue au moment de la construction des centrales. Le dossier vieux de 40 ans, n’a jamais fait l’objet d’aucune décision politique. De plus, ce projet de l’ONDRAF est basé sur un Plan Déchets présenté en 2010 qui a été remis en question à deux reprises par l’AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire), en 2016 et 2017.
« Il y a des solutions alternatives notamment avec un consensus international, mais je ne suis pas experte en nucléaire. Notre opposition porte sur la façon de faire, nous souhaiterions un vrai débat public. »
300 000 ans et 10 milliards d’euros
L’enfouissement des déchets radioactifs engagerait la Belgique sur une durée d'au moins 300.000 ans et coûterait au moins 10,7 milliards ! Alors qu’aucune étude approfondie sur d’éventuelles solutions alternatives au « stockage géologique », n’a été menée. D’autre part, le stockage géologique est irréversible, une autre source d’inquiétude pour la conseillère Emilie Timmermans.
« La méthode telle qu’elle est proposée, supposerait que l’on aurait accès aux déchets nucléaires pendant un laps de temps d’une centaine d’années, si mes souvenirs sont bons. C’est dangereux parce que d’abord on ne connait pas la durée de vie des contenants de ces déchets et puis la science peut évoluer et d’autres solutions vont peut-être émerger. Si on ne peut pas aller les rechercher, comment fait-on en cas de problème ou si d’autres solutions se présentent ? Donc, ça c’est un problème aussi dans le projet tel que présenté. »
Pas de déchets radioactifs à Fontaine l’Evêque
La motion proposée au conseil communal de Fontaine l’Evêque, a été votée à titre préventif. Il n’est pour l’instant pas question d’enfouir le moindre déchets radioactifs sur le territoire de la commune.
Toutefois, dans l'enquête de l'ONDRAF, plusieurs inconnues demeurent, comme les lieux, moments et méthodes d’enfouissement. Il est par ailleurs impossible de s’assurer que la solution de « stockage géologique » proposée par l’ONDRAF soit totalement sécurisée, notamment parce que les aléas sismiques sont imprévisibles sur des échelles de temps aussi longues.
« Nous, encore une fois, ce que nous réclamons c’est une discussion plus longue, des informations plus fournies, avant que l’on prenne la décision la moins pire, parce qu’on est bien d’accord qu’il n’y en aura pas de bonne. »