Les prestations de serment des nouveaux bourgmestres vont chambouler des vies. Mais être mayeur est avant tout un service rendu aux citoyens, pas une profession...
Des bourgmestres qui prêtent serment ce lundi soir, il y en a de toutes les sortes.
Il y a les accrocs au pouvoir. Ceux qui décident de consacrer une grande partie de leur vie à faire de la politique pour la politique. Les ambitieux, les seigneurs, les saigneurs qui vendraient père et mère pour obtenir le poste dont ils rêvent. Et souvent, ça commence par celui de bourgmestre. Ceux-là apprendront vite à manier les coups tordus, à se barder d'une carapace et utiliser le cynisme et la real politik comme armes de destruction massive. Quitte, souvent, à sacrifier leur entourage sur l'autel du pouvoir.
Et puis il y a ceux qui arrivent à la tête de leur commune, un peu par hasard. A peine s'ils n'ont pas vu de la lumière dans la salle du conseil et sont entrés à pas de loup en expliquant qu'ils étaient dispos si on avait besoin d'eux. Généralement ce sont les candidats qui, au plus profond de leur âme, sont persuadés qu'ils sont là pour le bien commun et que leur mayorat n'est que transitoire.
Une sorte d'étape ou de parenthèse dans leur vie au cours de laquelle ils ont envie de se mettre au service de la collectivité. Acceptant au passage toutes les emmerdes du monde pour un salaire bien souvent modeste au pro rata des responsabilités qu'ils endossent. Ce sont souvent ceux-là qui comprennent l'essence même d'un mayorat: être proche de la population en étant à son écoute, sans réelle motivation personnelle si ce n'est celle de rendre leur commune plus prospère et plus agréable à vivre pour leurs administrés. Ils ne s'accrochent pas au pouvoir pour le pouvoir. Et n'ambitionnent pas forcément d'aller voir à d'autres niveaux aux élections suivantes si l'herbe y est plus verte que dans leur commune.
Oh bien sûr, on pourra dire que cette vision fantasmée du bourgmestre relève d'une naïveté consommée et que, de toutes façons, une fois qu'on y a goûté, le virus inoculé est inexpugnable et corrompt les âmes les plus pures. Peut-être. A cela, on répondra que quoi qu'il advienne, la vie rattrape toujours chacun d'entre nous à l'occasion d'accidents, de drames ou, au contraire, de joies personnelles ou familiales. Et s'attelle à faire comprendre à tous ceux qui ceindront l'écharpe ce lundi que tout cela n'est que de la politique et que celle-ci ne doit certainement pas être une profession ni un but en soi. Mais surtout que l'important de l'existence est ailleurs...