A se demander quand-même si le petit microcosme des décideurs politiques mondiaux et des organisateurs sportifs ne s'est pas définitivement mis en tête de se mettre en mode "foutage de gueule".
Ainsi, on apprend que l'Arabie Saoudite vient d'être désignée pour organiser les jeux asiatiques...d'hiver en 2029. À un moment où le défi climatique n'a jamais été aussi prégnant, cette ineptie environnementale et énergétique soulève une vague d'indignation. Et c'est très bien. À 7 ans de l'événement, c'est effectivement maintenant qu'il convient de lever les boucliers, même si on reste abasourdis que l'idée même soit venue dans le cerveau climatiquement dérangé de quelques cyniques.
Surtout ne pas attendre d'être à quelques semaines de ces jeux pour commencer à ruer inutilement dans les brancards. Ne pas commettre une deuxième fois le péché originel de la Coupe du monde au Qatar avec laquelle la seule rime riche résonne dans "dollars".
Cela dit, s'il convient de barrer la route à ce type de décision qui va totalement à contresens de l'histoire humaine, il faut aussi que nous apprenions à relativiser. Traduisez: il faut agir pour le climat, conscientiser chacun et chacune à l'importance capitale de préserver notre planète, tout en évitant de jouer la carte de la culpabilisation.
Parce que ça ne marche pas. Parce que pointer d'un index accusateur et stigmatiser les comportements individuels en demandant un retour de balancier extrême, c'est contre-productif. On ne peut, en matière de climat (comme dans d'autres matières), enfermer l'humanité dans une prison faite d'intransigeance et de privation totale de liberté. Car c'est le meilleur moyen de nourrir les antagonismes, de monter les gens les uns contre les autres et d'inciter certains à appliquer leur liberté à l'extrême au détriment de l'intérêt collectif.
En clair, battons-nous, éduquons nos enfants, prenons des mesures pour lutter contre l'inepte et l'absurde. Mais le gros doigt, clairement c'est la dernière chose dont le climat et l'humanité ont besoin.
In medio virtus. Sans quoi on continuera à scier la branche fragile sur laquelle nous sommes assis.
Martial Dumont