Le mot d'ordre est toujours le même: on ne lâche rien et le déconfinement doit se poursuivre. Seule concession faite par le Conseil National de Sécurité: les visites autorisées dans les Maisons de repos et de soins.
Une décision qui fait d'ores et déjà polémique. Y compris dans les institutions elles-mêmes. Qui, heureusement, même si elles héritent de la patate chaude, gardent encore la main et peuvent refuser d'appliquer les mesures préconisées.
Parce qu'en dépit de l'encadrement strict voulu et promis pour ces visites par la Première Wilmès (un seul visiteur, toujours le même, sans symptômes depuis 15 jours), il est quand-même singulier que le premier relâchement se fasse précisément au coeur de l'incendie.
Bien sûr, on comprend parfaitement l'idée qui est même louable: éviter que des seniors ne se retrouvent complètement isolés jusqu'à en mourir de solitude, permettre aux familles de rendre visite à un proche qui, parfois, est sur le point de partir. C'est une décision socialement et surtout humainement compréhensible.
Mais il faut hélàs mettre cet aspect humain dans la balance avec la sécurité sanitaire du pays entier. Et alors reconnaître qu'en dépit de toute la compassion et la compréhension qu'on peut avoir pour les personnes touchées, seniors et familles, rouvrir les maisons de repos fait courir de grands risques à tous: résidents, personnel soignant, visiteurs.
Ce risque, c'est celui du rebond d'épidémie. Et pour le coup, les responsables politiques amènent un peu d'air pour les familles...mais qui risque d'attiser le brasier.
Les maisons de repos sont de véritable foyers infectieux. Le nombre de morts quotidien en est la preuve. Permettre les visites est un double danger. Parce que les personnes qui vont y rentrer, même si elles n'ont pas de symptômes, risquent d'y introduire le virus là où il n'est pas encore puisqu'on sait que des milliers de Belges sont asymptômatiques.
Et puis il y a le danger d'exporter le virus en dehors des maisons de repos. Alors oui, bien sûr, les Régions se sont mises d'accord pour que ces visites ne puissent se faire qu'une fois que les tests auront été lancés à grande échelle dans les maisons de repos. Mais cela ne suffit pas. Les visiteurs risquent malgré tout de contracter le virus. Et de s'en retourner chez eux contaminer leur famille. Et dans quelques semaines, lorsque les enfants reprendront le chemin des classes, peut-être porteurs du virus, la pandémie reprendra de plus belle.
Alarmiste? Peut-être. Mais dans une situation aussi critique, il est inconcevable d'augmenter les risques de la sorte. La sortie de crise est à ce prix. Difficilement acceptable sur le plan humain, répétons-le. Mais fondamental si on ne veut pas aller vers le chaos total.