Actuellement en Wallonie, aucun abri de nuit exclusivement féminin n’existe. Dans la région de Charleroi, c’est Vie féminine qui demande la création d’une structure adaptée pour faire face à la montée d’une précarité qui touche un nombre de plus en plus croissant de femmes.
Dans une question écrite, le député wallon Christophe Clersy (Ecolo) s’en est fait l’écho.
« Seulement une personne sur cinq est une femme dans les abris de nuit. Il y a des obstacles aujourd’hui pour qu’elle puisse fréquenter ces abris mixtes. La création de ces abris de nuits 100% féminin était importante pour les écologistes», explique le député Christophe Clersy.
En charge de l’Action sociale, la ministre PS Christie Morreale précise que les femmes représentent environ 20 % du public accueilli par les relais sociaux. Ce qui est encore trop peu pour Vie Féminine.
« Les femmes sont présentes dans la rue pour des raisons qui sont aussi liées à leur vie. Entre autre aux violences qu’elles subissent parfois dans leur milieu familial. L’autre élément qui fait qu’elles ne viennent pas souvent dans les abris, c’est qu’elles ne se retrouvent pas dans cet environnement. Elles y font aussi face à des agressions, une violence latente,… Ce système fait de domination ne s’arrête pas aux portes d’un abri», explique Christine Houthoofdt, la responsable de Vie Féminine Charleroi. « On a d’ailleurs connu une femme sans domicile qui s’abritait la nuit le long d’une chaussée parce que justement personne ne s’arrête à cet endroit-là et elle s’y sent plus en sécurité qu’ailleurs ».
De manière générale, elles cherchent des alternatives à des accueils de jour ou en abri de nuit, comme l’hébergement chez un tiers ou au sein de la famille pour celles qui ne sont pas totalement isolées.
« Parfois, quand on est dans un « parcours de combattante », on apprend à se méfier des institutions puisqu’on sait qu’elles risquent de ne pas être nécessairement bienveillantes et qu'elles vont vouloir reprendre le pouvoir sur leur vie et ça, elles ne le veulent pas. »
Un exemple Français
Pour Vie Féminine, la maison d’accueil pour femmes SDF de Grenoble en France est un bon exemple, une inspiration.
« Cette maison elle est conçue physiquement de manière particulière. La première pièce dans laquelle on entre, ce sont des sanitaires. Et les femmes nous racontent que parfois durant plus d’un an, elle n’allaient pas plus loin dans l'habitation. La seconde pièce de la maison, c’est plutôt une cuisine ou un lieu d’accueil. Et plus loin, il y a des douches. »
Le but est de créer une maison avec des paramètres identiques à ceux de Grenoble à Charleroi.
Rien à voir avec le confinement... quoique...
Si la ministre de tutelle n’exclut pas la création d’une structure qui leur serait dédiée, elle rappelle qu’il appartient aux intervenants de l’urgence sociale de définir leurs publics cibles. Cela dit, le projet est né bien avant le confinement.
« On sait qu’après le confinement beaucoup de situations vont aussi se révéler. Parce que certaines personnes vont se retrouver confinées avec un homme qui peut être violent, mais aussi pour des raisons financières. On le sait que les femmes sont généralement plus impactées par la crise économique. »
Un projet qui reste tout de même d’actualité.