Chaque année, Unia, l'ex-centre pour l'égalité des chances publie un rapport sur le nombre et la nature de ses interventions. En 2019, le nombre de signalements et de dossiers sur la discrimination a une fois de plus augmenté. Les récents évènements liés aux violences policières n'arrangent rien. La Wallonie n'est pas épargnée par le racisme et toutes les autres formes de discrimination.
Unia, le centre pour l'égalité des chances intervient chaque fois qu'une personne qui se sent en situation de discrimination l'interpelle. Des situations qui peuvent se régler à l'amiable mais qui peuvent aussi se terminer devant les tribunaux.
"Le nombre de signalements a augmenté de 13,2% par rapport à 2018, tandis que le nombre de dossiers ouverts a augmenté de 6,9%. Sur les réseaux sociaux, nous avons constaté que le langage s’est durci, ciblant notamment les personnes en situation de handicap, les musulmans et les réfugiés", déclare Patrick Charlier, directeur d'Unia. "Il y a une normalisation des messages de haine sur les réseaux sociaux et dans la rue. »
L'année dernière, Unia a ouvert 2.343 dossiers. Tandis que leur nombre s’élevait à 2 192 en 2018. Au total, 8.478 signalements de discrimination, de messages et de délits de haine ont été enregistrés l'année dernière, contre 7.489 en 2018. En l’espace de cinq ans, le nombre de signalements a presque doublé.
Un durcissement du langage en ligne et en rue
C’est sur les réseaux sociaux et dans la rue que le discours se radicalise le plus.
"Après les élections du 26 mai 2019, il n’y a plus eu aucune retenue", dit Patrick Charlier. "Certains ont vu les résultats de ces élections comme le signal qu’ils pouvaient se laisser aller. Le ton du débat social est devenu plus dur, plus brutal, plus agressif".
Et cette tendance se poursuit en 2020, notamment depuis les manifestations et les controverses sur le roi léopold II et la mort tragique de George Floyd aux États-Unis. Cela a été accompagné d’une réaction contraire de solidarité de la part de citoyens qui souhaitent que des mesures soient prises contre le racisme structurel.
Les critères raciaux toujours en tête
Si l'on examine le nombre de dossiers ouverts en 2019, il apparaît que les dossiers fondés sur des critères raciaux restent le groupe le plus important (951). Les dossiers sur le handicap suivent en deuxième position (614). Suivent d'autres catégories importantes tels que les dossiers relatifs aux convictions religieuses et philosophiques (336) et à l'orientation sexuelle (133).
Le travail d'Unia s'effectue également dans des domaines très divers comme l’emploi (657) le logement, le transport, les produits bancaires et d'assurance (641) également
dans le domaine des médias (346), de l’'enseignement (308) et de la police/justice (81).
En 2019, une solution extrajudiciaire a été trouvée pour près de 33% des "dossiers fondés". En d'autres termes, une solution a été trouvée sur la base d’une médiation ou d’une négociation. Dans dix-huit cas, Unia s’est tourné vers un tribunal. Six des cas portaient sur des messages de haine en ligne.
Des préoccupations concernant le critère de l’âge
143 dossiers se sont rapportés l’année dernière à de la discrimination fondée sur l'âge.
"Si nous examinons le domaine de l’emploi, nous constatons que le processus de recrutement entraîne de nombreux problèmes. . Les plus concernés par des problèmes de discrimination sont les personnes âgées de 45 à 64 ans. Les jeunes se plaignent plus souvent des difficultés d’accès au logement. Et les personnes âgées sont confrontées au fait qu'elles ne peuvent pas souscrire à une assurance ou doivent payer une prime trop élevée".
Unia est également active dans le domaine de la prévention.
"Notre outil d’apprentissage en ligne eDiv.be demeure un point de départ pour 4.000 nouveaux utilisateurs uniques. On y trouve de nombreuses suggestions à destination des entreprises qui veulent développer une politique de prévention. Et nous avons également réalisé le “quickscan”, un questionnaire permettant à une entreprise d'évaluer sa politique de prévention afin d’ensuite l'améliorer".
En chiffre et en Wallonie ça donne
Les dossiers ouverts pour discrimination dans l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles (+28,9%) se répartissent comme suit : 34,4% des dossiers concernent l’enseignement secondaire, 27,9% l’enseignement fondamental et 14,6% également l’enseignement supérieur. Les formes de discrimination les plus rencontrées sont les refus d’aménagements raisonnables pour des élèves en situation de handicap (40,6%) ; les problèmes de discrimination directe ou indirecte, par exemple des refus d’inscription, des exclusions… (39,6%) ; puis les situations de harcèlement à l’école (13,9%).
Au niveau des critères, celui du handicap (68,9% des dossiers) est le plus représenté dans ce domaine et connaît une augmentation particulièrement marquée (+42,9% par rapport à la
moyenne sur 5 ans). Les dossiers fondés sur un des critères dits « raciaux » (32,8% des dossiers) sont en augmentation constante depuis plusieurs années (+68,8% par rapport à la moyenne des 5 dernières années), ainsi que ceux liés à la conviction religieuse ou philosophique (+46,9% par rapport à la moyenne des 5 dernières années).
En 2019 Unia a ouvert 5 nouveaux dossiers concernant l’emploi dans l’administration publique wallonne. 90 nouveaux dossiers concernant le logement en wallonie et 196 nouveaux dossiers concernant l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Pour aller plus loin :