À l'instar de la cyber-sécurité avec Cyberwal, le secteur wallon de l'alimentaire devrait disposer, d'ici la fin de l'année, d'un institut de recherches virtuel lui permettant, entre autres, d'être présent à l'international et de drainer les financements européens, a indiqué mardi François Heroufosse, le responsable de Wagralim, le pôle de compétitivité du secteur agroalimentaire au sud du pays.
Les premiers projets de recherches ont été rentrés au gouvernement wallon qui procède aux appels à projets. Cet institut, baptisé IIFI (International Institute for Food Research and Inovation), regroupera notamment les universités et les centres de recherches, a-t-il expliqué au cours d'une conférence de presse à Namur.
Représentant 240 entreprises wallonnes actives dans le secteur agroalimentaire et quelque 15.000 emplois, Wagralim a par ailleurs défini 5 axes prioritaires qui devraient se concrétiser "dans les 3 à 5 ans", avec l'économie circulaire en toile de fond.
Le pôle coordonne ainsi un premier projet de développement d'une filière de protéines végétales en Wallonie. Son objectif: atteindre 15.000 ha de surface en protéagineux au sud du pays, contre un millier d'hectares actuellement. "Le but de ce projet, c'est de parvenir à une certaine auto-suffisance en la matière - 15.000 hectares pourraient approvisionner environ 40% des entreprises concernées. Ça permettrait également de maîtriser la chaîne de production et la qualité" alors que les crises successives poussent le secteur à réfléchir à son fonctionnement, a poursuivi François Heroufosse.
Wagralim s'attèle également à la création d'une cartographie wallonne des co-produits/biomasse encore peu ou pas valorisés et provenant d'entreprises de transformation dans le domaine de l'agroalimentaire. À terme, il devra dans ce cadre identifier les investissements nécessaires dans des outils mutualisés de revalorisation.
Il se penche en outre sur les cycles de l'eau, du phosphore et de l'azote afin de les récupérer et de les valoriser en agriculture et dans le domaine de l'alimentaire.
Le pôle développe par ailleurs de nouvelles approches circulaires dans le domaine des emballages alimentaires afin de trouver des solutions innovantes pour augmenter le niveau de circularité tout en tenant compte des contraintes de sécurité alimentaire, de législation, de durée de conservation et de disponibilité des matériaux.
Enfin, il a lancé un recensement des diverses pratiques en économie circulaire dans le secteur de l'agroalimentaire. Ce benchmark international - qui sera notamment mis en avant, le 2 juin prochain, lors d'un événement dans le cadre de la Quinzaine de l'économie circulaire, servira de référence et de source d'inspiration pour les entreprises. Près de 80 pratiques y sont actuellement analysées et une sélection sera confrontée aux réalités des entreprises wallonnes.
"Notre secteur est déjà fortement circulaire. Beaucoup de choses s'y font déjà et ce n'est pas nouveau. Mais la question, c'est de savoir comment aller encore plus loin, faire mieux et parvenir à une valorisation économique plus aboutie pour tous les acteurs", a encore expliqué le responsable de Wagralim. "Nous sommes à un moment charnière: la crise sanitaire et la guerre en Ukraine conduisent à un changement de paradigme. Notre métier, c'est aussi de réfléchir avec les entrepreneurs du secteur pour intégrer les changements sociétaux qui se profilent", a-t-il conclu.
Source: Belga