Selon une enquête menée par des chercheurs de l’UCLouvain et de l’université d’Anvers le confinement risque de porter atteinte à notre santé mentale. Sur 25 000 personnes interrogées plus de la moitié, donc un Belge sur deux, déclare être en situation de mal-être. Même constat du côté de la cellule de prévention du suicide où les appels sont plus nombreux en cette période de stress et de privation de lien social.
En temps normal, seul 18% de la population dit souffrir d’un mal être psychologique, aujourd’hui on l’entend dans les médias, on le voit sur les réseaux sociaux, là où certains s’accommodent très bien de rester chez eux, d’autres dépriment. On le sait, nous ne sommes pas égaux devant le confinement, et ce n’est pas la famille royale qui va nous contre dire !
Les services d’aide à la population
Si les Belges dépriment donc, il existe néanmoins des services d’aide pour les soutenir et notamment le centre de prévention du suicide. Il propose une ligne d’écoute gérée par des bénévoles, mais aussi un forum pour les gens qui se sentent en danger, modéré par des professionnels. Et puis il y a des psychologues comme Hélène Neczyporenko, qui travaille à Cellule d’Intervention Psychologique de Crise.
Elle est convaincue que pour les gens déjà fragilisés, la situation que nous vivons est éminemment stressante.
« C’est un situation inédite et très très stressante. Et donc par ce caractère inédit, il y a ce sentiment d’inconnu et de perte de repères habituels. Il y a encore beaucoup de point d’interrogation par rapport à la durée du confinement et à l’efficacité des traitements par exemple. Psychologiquement, cette situation peut provoquer des émotions et des sentiments comme l’anxiété ou la colère. Cela peut aussi provoquer un repli sur soi ou de l’isolement. Mais aussi des comportements à risques comme des violences intra-familiales ou des addictions. »
Toutefois, il existe quelques petites choses pratiques et faciles à mettre en place pour tenir le coup.
« Comme conseils, je dirais d'abord qu’en période de crise, les sentiments ressentis sont normaux. Il est important de s’informer auprès de ressources fiables comme les autorités publiques ou l’OMS. Mais il est important de se mettre des limites et de se dire une ou deux fois par jour, je vais regarder le journal télévisé. Pour les parents je conseille de résumer l’actualité à leurs enfants. Il faut aussi tenter de prendre l’air et d’établir des routines. Il faut délimiter des espaces de vie commune, responsabiliser chaque membre de la famille, mais aussi laisser sa place à chacun et le choix de s’isoler, même si c’est pour aller lire un peu dans la salle de bain. »
Du côté des soignants R.A.S. …. pour l’instant
Depuis la semaine dernière, une Cellule d’appui a été mise en place au GHdC. Des groupes de débriefing émotionnel sont également envisagés pour permettre à tout le personnel de faire face à cette crise.
Actuellement, Christophe Thoreau, le coordinateur de cette cellule, est serein. Une soixantaine de demandes sont arrivées à la cellule, mais rien d’alarmant. Les questions sont des questions techniques sur le coronavirus essentiellement ou l’expression de craintes liées à la prolifération du virus.
« Le personnel qui fait appel à nous, nous pose des questions essentiellement sur la nature du virus, des informations qui sont par ailleurs disponibles sur le site de Sciensano. On nous demande aussi quand revenir travailler après avoir été écarté. Quelles mesures prendre pour éviter de contaminer les siens et les patients. Certains expriment leurs craintes de propager ou de contracter la maladie. »
Pour ceux qui sont directement en contact avec les patients, c’est parfois un peu plus compliqué.
« Les soignants de première ligne expriment quant à eux, leurs angoisses, ils sont en contact direct avec les malades, les familles, et la détresse qui s’exprime des deux côtés. C'est la raison pour laquelle nous proposerons bientôt un groupe de débriefing émotionnel pour ces agents de première ligne. »
Le 6 avril, le GHdC comptabilisait 36 décès et accueillait 99 personnes donc la contamination était confirmée, et 16 personnes se trouvaient aux soins intensifs.
« L’ambiance est pour l’heure à la solidarité dans l’hôpital, tout le monde se serre les coudes. Mais c’est sûr que pour les personnes en première ligne, une certaine fatigue s’installe. En ce qui concerne notre cellule, c’est sans doute après la crise que les choses sérieuses vont commencer. »
Mais heureusement, à Charleroi, nous ne sommes pas dans un scénario « à l’italienne », avec des services débordés qui doivent faire des choix éthiques. Et visiblement, cela aide les soignants. Même si l’impuissance est parfois le sentiment dominant, les patients s’en vont en étant soignés jusqu’au bout.
Où trouver de l’aide ?
Hélène Neczyporenko, psychologue à la Cellule d’Intervention Psychologique de Crise, nous incite aussi à utiliser tous les recours possibles et à ne jamais hésiter à composer un des numéros suivants :
Ligne d’écoute anonyme et gratuite du centre de prévention du suicide : 0800/32123
Ligne d’écoute de téléaccueil 107
Ecoute enfant 103
Ecoute violences conjugales : 0800/30030
La ligne SOS PARENTS : 0471/414333
En cas de doute sur ce que vous pouvez faire ou pas, où pour en savoir plus sur le coronavirus, n’hésitez pas non plus, à consulter le site officiel : info-coronavirus.be