Sophie Brichard a 40 ans, elle est belgo-congolaise. Une identité pleinement assumée aujourd’hui, mais qu’il lui aura fallu du temps pour accepter "capillairement" parlant. Son parcours s'avère finalement inspirant puisqu'elle décide aujourd'hui de créer le salon Curlies, pour les personnes qui ont des cheveux bouclés, frisés ou crépus. Il se tiendra le 2 juillet prochain au Hub créatif Charleroi Métropole.
Sophie est une jolie belgo-africaine qui porte fièrement la quarantaine. Elle a une superbe chevelure d'ébène, des cheveux très frisés qui très tôt, vont se révéler être son pire cauchemar.
« Toute petite déjà je me rendais compte que je n’avais pas les mêmes cheveux que les copines et donc très vite, je me suis mise à les lisser. Mes idoles de l’époque avaient aussi les cheveux lisses donc je voulais leur ressembler. C’est vrai que pendant des années, je ne m’y suis pas retrouvée "capillairement" et aussi d’un point de vue identitaire.»
La différence fait peur des deux côtés et pour se fondre dans la masse, Sophie a longtemps voulu ressembler à toutes les autres filles de sa classe et de sa génération. Un jour pourtant, elle se rend compte que toutes ces techniques de lissage, non seulement abiment ses cheveux, mais prennent aussi beaucoup de temps.
Un salon pour ne plus s'arracher les cheveux
Après ces années de galère, Sophie décide de s’assumer, aussi bien ses origines que ses cheveux.
« Je les ai beaucoup maltraité mes cheveux, il m’a fallu pas mal d’années pour apprendre à les aimer. Au fur et à mesure, j’ai néanmoins appris à utiliser les bons produits, différents de ceux que l'on trouve en supermarché. Je n’avais pas les bonnes routines et donc pas les beaux cheveux que je voulais avoir. J’ai donc appris à les hydrater surtout ! »
Il aura fallu du temps et de la patience à Sophie pour s'y retrouver. En ayant accès à ces produits spécifiques que l'on ne trouve que dans les magasins alimentaires, bien loin des salons de coiffure et des instituts classiques, pour arrêter de s'arracher les cheveux (au sens propre).
Un temps précieux qu'elle veut faire gagner aux femmes et aux mamans qui ont les mêmes soucis qu'elle. Elle a donc décidé de faire de son histoire un salon rassemblant des professionnels du cheveu bouclé, frisé ou crépu, baptisé Curlies. Une manière de mettre aussi ses années de recherche et d'expérience au service des autres.
« Je fais de l’accompagnement en entrepreneuriat, donc c’était l’occasion de mettre en avant des entrepreneu.se.r.s. Il y aura des créatrices d’accessoires, de produits, des coiffeuses qui viendront apprendre des routines et donner des ateliers. La transmission, pour moi, c’est quelque chose d’important. »
Des contacts ont également été pris avec l'IET Notre Dame de Charleroi qui a développé une formation spécifique pour l'apprentissage des techniques de coiffure "Afro" et l'utilisation des produits adéquats. Ils seront peut-être présents, mais rien n'est fait !
Nos cheveux en disent long sur nos origines
Invitée du salon Curlies également, l'autrice Lilia Bongi viendra parler de son livre "Amsoria" dans lequel elle décrit comment elle fut, en 1960, arrachée brusquement à son pays natal, la République Démocratique du Congo.
Il s'agit du premier livre de cette auteure qui décrit son quotidien dans les familles d'accueil, le racisme, la solitude, les sévices, le dépaysement et la recherche d'identité.
Lilia Bongi a vécu les mêmes difficultés que celles décrites par Sophie. Elle consacre un long passage à ses cheveux, à cette volonté farouche de vouloir ressembler à toutes les petites filles aux cheveux lisses de son époque, celles de ne pas s'accepter avec cette chevelure crépue, imposante, voyante. Une expérience à découvrir donc le 2 juillet.
Pour faire un peu plus connaissance avec Lilia Bongi, avant peut-être d'aller la rencontrer, regardez ce reportage de Canal Zoom, réalisé en janvier 2021 :