A Pont-à-Celles, il existe une épicerie pas comme les autres, où l’on fabrique des soupes, des sauces, des pâtes, des confitures. Dans le petit atelier, 9 personnes porteuses de handicap, pour la plupart d’autisme, s’affairent chaque jour aux préparations. Cet endroit s’appelle la table carrée.
Lorsqu’on entre dans la cuisine de "la table carrée", il flotte comme un doux parfum de bonne humeur. Nicolas et Valériane, l’éducatrice, préparent des champignons tandis que Gaulthier se prépare. Ils sont au travail depuis une ou deux heures déjà, il faut dire qu’ils ont 6 kilos de légumes à découper.
« Moi, j'arrive à 8 h et demie, j'installe le travail, je regarde un peu ce que nous allons mettre en place la journée. Donc, généralement, on fait deux, voire trois recettes en fonction de notre temps. Et puis les bénéficiaires arrivent à 9 h et là, ils se changent et puis après on s'y met directement »
Créé en septembre 2021, ce centre de jour qui offre des activités culinaires aux personnes handicapées, est le fruit de Brigitte Duquesne, co-fondatrice de "la table carrée".
« J'ai eu cette idée un peu folle de créer cet atelier. C'est un projet très récent. Nous avons la chance d'avoir neuf bénéficiaires et également treize bénévoles. »
Brigitte nous explique que son atelier fait aussi le pont entre les ateliers protégés et les institutions. Il accueille des personnes qui sont trop douées pour rester en institution, mais pas assez pour travailler de manière plus soutenue en atelier protégé.
Nicolas et Gaulthier, sont aux fourneaux aujourd’hui et tandis que Nicolas nous décrit sa recette, Gaulthier nous explique avec beaucoup de fierté comment il est arrivé à "la table carrée".
« C'est maman qui venait ici. Au début, je faisais le mardi, mercredi, jeudi, je venais cuisiner ici et maintenant, c'est mardi, mercredi et je fais le commerce le jeudi. »
Pour Valériane, l’éducatrice spécialisée, il ne fait aucun doute que cet endroit leur fait du bien. Outre la cuisine, ils ont aussi l’occasion de s’occuper de quelques animaux, deux ânes et un cheval et de se divertir avec deux chiens. L’après-midi, ils travaillent généralement dehors pour préparer le potager pour l’été.
Un atelier en phase de reconnaissance
Le petit atelier et son épicerie attenante, ont vécu tant bien que mal depuis deux ans, grâce à l’aide de Cap 48, grâce aux ventes et à quelques dons, mais aujourd’hui, le centre a besoin d’une vraie source de financement récurrente, car les caisses sont presque vides.
En effet, si "la table carrée" peut compter sur de nombreux bénévoles, elle doit quand même payer l’éducatrice et couvrir divers frais. Alors Brigitte nous explique qu’elle s’est engagée sur le parcours du combattant.
« Le dossier vient d'être envoyé par recommandé samedi. Vous voyez, c'est un scoop ! C'est tout nouveau. Nous avons quand même fait une demande de subsides facultatifs. Mais pour cela, il faut que le dossier soit rentré à l’AVIQ. Et donc maintenant, je ne sais pas très bien comment ça va se passer. La demande est partie pour pouvoir avoir un an de salaire pour l’éducatrice, à partir de fin août. On espère tenir jusque-là. En automne, on espère que les subsides facultatifs nous seront accordés. Sinon, nous serons obligés de fermer. »
Mais avant cela d’autres pistes sont envisageables et envisagées par la petite ASBL.
"La table carrée" s’inscrit aussi dans la ligne politique de la Wallonie qui travaille depuis plus d’un an sur un "plan santé autisme" dans lequel il est notamment prévu de financer des petites structures d’accueil comme celle-ci.