Ce vendredi, la cour d'assises du Hainaut a poursuivi les auditions des témoins dans le cadre du procès de Salvatore "Rino" Marasco, accusé d'avoir assassiné son ex-compagne, Isabelle Rectem, lors d'une fête des voisins à Chapelle-lez-Herlaimont, le 5 juillet 2019.
L'Italien est aussi accusé d'avoir blessé un conseiller communal, Alain Jacobeus, avec une balle perdue de son pistolet semi-automatique calibre 65, qu'il détenait sans autorisation.
Salvatore Marasco a commis un homicide, le 5 juillet 2019, lors de la fête des voisins à Chapelle-lez-Herlaimont. Son avocat, Me Mayence, a annoncé que le caractère volontaire des deux tirs, portés à la tête d'Isabelle Rectem, ne sera pas contesté. Par contre, le pénaliste aura peut-être des choses à dire sur la préméditation dans sa plaidoirie qui aura lieu probablement mardi.
Pour l'accusation, c'est un meurtre prémédité, donc un assassinat, qui a été commis. Rino Marasco est arrivé à la fête avec une arme coincée sous sa ceinture et il a fait usage de son pistolet. Plusieurs témoins ont déclaré qu'il avait proféré des menaces de mort contre celle qui avait mis fin à dix-sept ans de relation, un mois plus tôt. D'autres ont entendu l'accusé dire qu'il avait acheté une arme pour tuer Isabelle.
Rino Marasco a manifesté au moins deux mobiles : l'argent et la jalousie. Plusieurs témoins ont déclaré qu'il se plaignait d'Isabelle, qui lui coûtait cher et qui ne lui rendait pas l'argent qu'il avait placé sur son compte, afin d'échapper au créancier du café qu'il gérait avec son fils. D'autres ont déclaré qu'il était jaloux et qu'il soupçonnait Isabelle d'entretenir une relation avec un échevin. Ce dernier a déclaré qu'Isabelle était insistante, mais il a refusé ses avances.
Selon l'une de ses amies, Isabelle ne supportait plus Rino. "Il la suivait partout, il la menaçait, elle avait peur. Au départ, il la menaçait de coups. Plus tard, il lui a dit qu'il allait la tuer", raconte celle qui était la confidente d'Isabelle. "Elle me confiait sa souffrance psychologique et les humiliations subies durant leur vie commune." La violence physique s'est ajoutée à la violence morale. Isabelle, qui souffrait de fibromyalgie, envoyait des photos d'elle, couverte de traces de coups, à son amie. "Elle les effaçait tout de suite. Elle m'expliquait le contexte, comme lors de la Saint-Jean à Piéton."
Selon plusieurs témoins, une altercation entre les deux anciens conjoints y a, en effet, éclaté à la fin du mois de juin. Une dame déclare qu'elle a vu Rino proférer des menaces de mort, par gestes, à Isabelle, "qui n'en pouvait plus". Rino a dit au témoin qu'Isabelle avait son argent. "Je lui ai dit de faire appel à la justice. Il m'a répondu : la loi, c'est moi ! Il ne voulait rien entendre, criant qu'elle l'avait fait cornard avec son meilleur ami." Selon cette dame, Isabelle savait que ses jours étaient comptés, "elle était mal à chaque fois qu'elle le voyait, elle disait : cela va être lui ou moi".
Lors de la fête des voisins, une administratrice de la société de logements discutait avec Isabelle, qu'elle appréciait beaucoup. "Elle est devenue toute blanche. Je lui ai demandé ce qu'il se passait et elle a indiqué l'entrée où se trouvait Rino. A partir de ce moment-là, elle n'était plus bien du tout. L'angoisse se lisait sur son visage."
Rino Marasco ne lâchait pas Isabelle du regard. "Son regard faisait peur", dit un témoin. Isabelle a déclaré, à plusieurs personnes présentes à la fête, qu'elle craignait pour sa vie, car Rino l'avait menacée de mort. De plus, le matin-même, Rino avait informé la fille d'Isabelle qu'il réservait un triste sort à sa mère lors de la fête des voisins.
L'accusé, dont tout le monde se souvient de sa chemise hawaïenne, s'était rendu avec un homme à la fête des voisins. Le témoin a remarqué une altercation entre Rino et Isabelle, vers 22h20. Il n'y a pas prêté attention. "J'ai dit à Rino de lui foutre la paix, alors que je retournais vers le concert." Il savait que le couple était séparé, mais il n'en connaissait pas la raison.
Rino ne l'a pas écouté. Il s'est saisi d'Isabelle pour la trainer dehors. Sur le chemin, il a tiré à deux reprises dans la tête, zone vitale.
Le procès se poursuivra lundi avec l'audition des témoins de moralité.
Source: Belga