Le procès d'Aïssa Mokhtari a débuté lundi devant la cour d'assises du Hainaut à Mons. L'homme âgé de 34 ans est accusé du meurtre du petit Diden, âgé de 18 mois, commis le 28 septembre 2021. Ce jour-là, il était chargé de surveiller l'enfant de sa compagne à Jumet.
L'accusé, originaire d'Oran en Algérie, déclare être arrivé en Belgique en bateau pneumatique, en 2011, via l'Espagne. Il s'est installé à Charleroi, de manière illégale, vendant de la drogue à la sauvette. Il consommait aussi de la drogue et de l'alcool. Expulsé du territoire en 2014, il est revenu en 2020, toujours de manière illégale.
Il s'est installé chez la maman de Diden, un enfant qu'il dit avoir considéré comme son fils. Diden était le fils d'un autre ressortissant algérien, détenu et partie civile au procès.
Le 28 septembre 2021, l'accusé était chargé de surveiller l'enfant de sa compagne, alors en formation à l'extérieur. L'accusé déclare que l'enfant était déjà réveillé quand il s'est levé vers 10h30-11h00, il était dans son lit-cage. Il lui a donné à manger avant de le laisser jouer dans la maison.
La maman l'a appelé à 12h04 pour avoir des nouvelles de son fils. Aïssa lui a dit que Diden allait bien. L'accusé prétend qu'il n'avait consommé ni drogue, ni alcool, le matin. À la police, il a déclaré qu'il avait fumé un demi-joint.
Il a ensuite emmené l'enfant dans la salle de bains pour le mettre dans la baignoire afin de le laver. Il s'est alors blessé au dos. Aïssa Mokhtari est alors descendu au rez-de-chaussée pour vérifier l'état de sa blessure. Comme il n'était pas vraiment blessé, il est sorti fumer une cigarette, laissant l'enfant seul dans son bain à l'étage.
Il précise que le bouchon de la baignoire était retiré, mais que l'eau coulait toujours du robinet.
Aïssa Mokhtari dit avoir entendu un bruit sourd. Il est remonté à toute vitesse et il a vu l'enfant couché dans la baignoire, l'eau arrivant au-dessus de sa bouche, juste sous le nez. Il a alors retiré l'enfant du bain.
L'accusé déclare devant la cour que l'enfant était conscient, puis se contredit et affirme qu'il respirait en étant inconscient. Il mime devant la cour les manœuvres de réanimation qu'il a effectuées afin de faire sortir de l'eau.
Aïssa Mokhtari précise qu'un peu d'eau est sortie de la bouche de l'enfant. À la police, il a déclaré que beaucoup d'eau est sortie de sa bouche, mais il précise qu'il n'était pas assisté d'un traducteur.
L'autopsie n'a mis en évidence aucune trace de noyade, il n'y avait pas d'eau dans les poumons de l'enfant.
L'autopsie a mis également en évidence des traces de coups sur le corps de l'enfant, mais aussi un testicule gonflé. Aïssa Mokhtari répond que c'est peut-être lors de la manœuvre de réanimation qu'il a été blessé. Quant aux traces, il déclare que l'enfant chutait souvent et que son frère était parfois violent avec lui.
Le pancréas de l'enfant s'est fendu en deux sur la colonne vertébrale. Pour les légistes, cela résulte d'un coup violent. L'accusé admet qu'il est allé un peu fort dans la tentative de réanimation, mais qu'il n'a rien fait d'autre.
Aïssa Mokhtari déclare qu'il voulait aider Diden, et non lui faire du mal. "J'étais sous le choc et tout ce que je voulais, c'était sauver l'enfant", répète celui qui a multiplié les contradictions durant l'instruction d'audience.
Le juge d'instruction, les policiers et les médecins légistes témoigneront lundi après-midi.