Ils sont quatre, quatre directeurs généraux des hôpitaux du groupe Jolimont, dont fait partie l'hôpital de Lobbes. Ils tirent la sonnette d'alarme et menacent "les belges se dirigent à grande vitesse vers une « saturation de leurs capacités »." dans une carte blanche à l'intention de nos dirigeants. Cette réalité, le personnel hospitalier la vit au quotidien avec la peur vissée au ventre. Nous avons donc recueilli le témoignage de Mélisa Maggio permanente syndicale CSC dans le secteur des soins de santé, elle nous parle notamment de la situation de l'ISPPC.
"Ceux qui ne travaillent pas dans un hôpital n’imaginent probablement pas ce qui, en pratique, se cache derrière cette expression."
C'est par cette phrase que François BURHIN, Directeur Général du Centre Hospitalier EPICURA ASBL ; Stéphan MERCIER, Directeur Général du Pôle Hospitalier Jolimont ; Jean-Claude DORMONT, Directeur Général du CHU de Tivoli et Stéphane OLIVIER, Directeur Général du CHU Ambroise Paré, ont entamé leur carte blanche. Preuve s'il en est que le secteur des soins se sent bien seul.
"Dans un hôpital saturé, les soignants n’auront plus la possibilité de s’occuper correctement des patients. Si vous avez la malchance d’y être admis, vous ne serez pas certain qu’une infirmière puisse venir immédiatement à votre secours quand vous activerez la sonnette de détresse. Des procédures de sécurité essentielles devront parfois être négligées, ce qui vous exposera à des erreurs de médicaments et à des infections. Il faudra parfois renoncer à gérer votre douleur, à faire votre toilette, à vous apporter une panne ou simplement à prendre quelques minutes pour vous réconforter, alors qu’il s’agit de gestes d’humanité fondamentaux."
Les hôpitaux sont à la frontière de ce scénario catastrophe et réclament des mesures plus fortes encore que celles proposées ces derniers jours. Bref ! ils plaident pour un reconfinement, ce qui dans le Hainaut (lire BEARLET : Le gouverneur en appel aux citoyens) est aujourd'hui le cas.
A Charleroi, les hôpitaux au bord de la rupture
A Charleroi, le message est le même. Le personnel est préoccupé par une possible saturation du système. Mélisa Maggio reçoit de nombreux appels de travailleurs inquiets. Elle est permanente syndicale CSC dans le secteur des soins de santé service public, nous lui avons demandé quelle était la situation au sein de l'Isppc.
"Pour l'instant le système n'est pas encore à saturation, mais ils vont travailler la boule au ventre. Il n'y a pas que le personnel de soin qui est à bout. Les techniciennes de surface accumulent les heures de travail pour tout désinfecter. Le personnel de garde fait l'objet d'insultes régulièrement (lorsqu'il interpelle des personnes qui ne portent pas de masques par exemple)."
Tout le personnel est passé des applaudissements aux insultes. Alors Mélisa Maggio, veut absolument faire passer un message.
"Il faut absolument soutenir ce personnel qui est très fatigué suite à la première vague. Certains n'ont pas pu prendre de congé et la deuxième vague arrive et alourdit encore le travail. Les soignants font des cohortes de 7 jours à raison de 12 heures par jour. Certains doivent aller dans les maisons de repos en renfort. La solidarité a ses limites"
Des mesures plus fortes
Lorsque l'on demande à Mélisa Maggio ce que souhaite le personnel des hôpitaux, la réponse fuse immédiatement.
"Le personnel veut des mesures plus fortes. Que l'on ne laisse ouvert que l'essentiel pour que la courbe soit cassées. La progression est trop forte dans le Hainaut."
Du côté des syndicats, même si les négociations en situation de crise sont compliquées, les représentants du personnel s'assurent constamment de la sécurité et de la protection du personnel soignant.
"Nous avons été très attentifs à ça, le matériel est désormais en suffisance. Deux jours de congé supplémentaires ont été octroyé, (mais qu'ils ne savent pas prendre). Nous avons travaillé avec le gouvernement fédéral sur l'attractivité du métier avec des primes et une revalorisation salariale. Nous souhaitons aussi que les normes soient revues à la hausse pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui le personnel soignant est en sous effectif."
L'ISPPC a fait une campagne de communication sur Facebook, à l'attention du grand public.
Le premier octobre, le CHU Marie Curie rouvrait une unité Covid au sein de son établissement :