L’espace public n’est pas neutre. Les rues peuvent être un environnement particulièrement hostile pour les femmes, portant atteinte à leur liberté de circulation et les forçant à développer des stratégies d’évitement, en changeant par exemple leur parcours ou leurs tenues en fonction des lieux et des horaires. Pourtant chaque citoyen, à chaque citoyenne, devrait s’y sentir à sa place.
Le sexisme dans l’espace public est trop souvent réduit à du harcèlement de rue alors qu’il a une dimension multiforme et opère dans différents milieux. Il comprend l’ensemble des espaces et lieux accessibles au public, qu’ils soient sportifs, culturels, festifs, scolaires, de loisir, les transports en commun, etc. L’espace public représente tant un lieu physique délimitable (une rue, un quartier, une maison communale, etc.) que des lieux d'interaction sociale (un bar, un cinéma, une salle de concert, etc.).
Pour exemple, à Bruxelles, seules 6% des voiries portent des noms de femmes. Ce sont principalement des saintes ou des personnages royaux. Ces dernières années, les collectifs féministes ont fait émerger cette question dans le débat public, visibilisant l’ampleur du phénomène et son impact sur le quotidien des femmes, des adolescentes et des filles, revendiquant leur place, légitime, physique et symbolique, dans l’espace public.
Des initiatives politiques ont suivi, entamant un long chemin vers plus d’égalité. Voilà pourquoi la Secrétaire d’Etat Sarah Schlitz a décidé de faire appel au talent et à l’inspiration de la société civile pour booster la représentation des femmes dans l’espace public. Elle lance aujourd’hui l’appel à projets “A Nous La Rue”.
Selon Sarah Schlitz, dans son communiqué de presse, ces histoires méritent d’être racontées. Parce que chacune et chacun a besoin de rôle-modèles, de se sentir elle ou lui aussi célébré dans les rues de sa ville. En lançant cet appel à projet, j’ai souhaité donner un coup d’accélérateur à ce mouvement, en permettant à des associations, des collectifs, des militantes, des artistes, de se réapproprier l’espace public et leur histoire, de rendre hommage à des femmes disparues, de faire connaître de grandes figures féminines belges oubliées, de raviver notre mémoire collective sur des mouvements sociaux en faveur de l’égalité ou de visibiliser des réalités vécues par les femmes. L'Institut pour l'Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) assure le suivi pratique de cet appel à projets.
Chaque projet pourra être financé pour un montant entre 5 000€ et 30 000€, et devra être soumis à l’IEFH avant le 1 er mai 2023. Les projets approuvés pourront se dérouler entre le 1er août 2023 et le 29 février 2024. Les projets devront renforcer la visibilité des femmes de manière durable dans l’espace public à travers un projet (œuvre d’art, fresque, stèle commémorative …) qui concerne les femmes ou leur vécu et qui est accessible de manière permanente à la population dans l’espace public.
Les projets devront également participer à l’une ou plusieurs de ces actions :
1. renforcer les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes ; briser certains tabous (droits sexuels et reproductifs, santé des femmes, inégalités socio-économiques, stéréotypes de genre, …) ;
2. contribuer à la lutte contre les violences de genre ;
3. visibiliser des femmes et/ou personnalités féministes belges, notamment celles qui ont été oubliées de l’histoire ; visibiliser des mouvements belges de lutte pour les droits des femmes.
Plus d’informations ici : https://igvm-iefh.belgium.be/fr/publications/tant_quil_le_faudra_appel_a_projets_pour_legali te_des_genres