Réforme du chômage : les CPAS vont devoir mettre les moyens, sans moyens !

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Alors que les principaux ministres du gouvernement fédéral sont enfin parvenus à ce qu'ils ont baptisé un "accord de Pâques" à la veille du week-end, certaines réformes qui concernent le chômage, vont entrer en application dès le 1er janvier 2026.

On le sait, l'objectif de l'Arizona est de limiter le chômage dans le temps. Cela passera par 100.000 exclusions au 1er janvier prochain. 

Limiter le chômage dans le temps et remettre le travail « au coeur de la société », c’est la motivation principale de cette mesure annoncée par le ministre fédéral de l’Emploi David Clarinval (MR). Pour rappel, le gouvernement table sur 1/3 des chômeurs renvoyés vers les CPAS, au autre tiers mis à l’emploi et enfin, 1/3 qui disparait des radars.

Concrètement, au 1er janvier 2026, toutes les personnes qui sont au chômage depuis deux ans ou plus ne recevront plus d’indemnités. Elles devront soit retrouver un travail, ou se tourner vers les CPAS… une situation qui inquiète fortement les présidents de ces structures d’aide sociale, notamment à Charleroi. Le CPAS explique que sur les 100.000 exclusions du chômage annoncées, plusieurs milliers concernent des citoyens carolos. Et cela reste une estimation.

Dans le scénario du pire, le CPAS doit accueillir 75% des exclus et le coût supplémentaire pour le CPAS de Charleroi s'élève à plus de 18 millions d'euros. Dans le scénario du moins pire, 50% des chefs de famille et isolés, et 10% des cohabitants exclus du chômage font appel au CPAS, ce qui représente un coût supplémentaire pour notre institution de plus de 7 millions d'euros. A cela s'ajoutent les coûts d'infrastructures et d'équipement, explique Philippe Van Cauwenberghe, président du CPAS de Charleroi.

Aujourd’hui, le CPAS de Charleroi compte 10.000 bénéficiaires. Et pour pouvoir prendre en charge les nouveaux dossiers, il faudrait au minimum une trentaine d’assistants sociaux supplémentaires.

Même si les CPAS vont recevoir un budget en plus l’année prochaine, il ne couvrira pas tous ces frais d’engagements et d’infrastructures.

A Farciennes, le sentiment est le même. La commune qui compte 11.000 habitants a, sur son territoire, 250 chômeurs de longue durée. Actuellement, 400 personnes touchent le Revenu d’Intégration Sociale (RIS). Un chiffre qui pourrait passer à 600 avec la nouvelle mesure. Le CPAS farciennois va, lui aussi, devoir élargir ses services sociaux.

Ce que l’on sait également, c’est que les personnes qui ont commencé une formation dans un métier en pénurie AVANT le 1er janvier 2026 conserveront leurs allocations de chômage, mais cette disposition reste floue selon le président du CPAS farciennois Benjamin Scandella.

A Châtelet, commune de 36.000 habitants, l’augmentation des revenus d’intégration sociale est estimée à 600, à ajouter aux 1450 actuels. Avec 800 chômeurs de longue durée sur son territoire, il va falloir là aussi, s’organiser tant bien que mal.

"Cela veut dire que nous devrions engager 6 assistants sociaux supplémentaires, mais nous n'avons plus de place dans nos locaux. Cela va être très compliqué", explique François Vilain, président du CPAS de Châtelet.

On le voit, les défis sont nombreux pour faire face à mesures d’exclusion des chômeurs de longue durée. La tâche s’annonce difficile, avec des finances communales qui sont déjà souvent dans le rouge.


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