Le conseil communal de ce 19 février fut riche en motions ! L’une concernait les soignants, une autre la problématique des cadastres et la troisième avait pour but de soutenir les agriculteurs.
Le conseil communal a tout d’abord commencé par la motion proposée par le groupe C+ afin de réagir contre les violences subies par les professionnels de la santé.
Les infirmiers, ambulanciers, médecins, kinés, assistants médicaux et d’accueil font face au quotidien à de nombreuses violences. En 2022, on comptait plus 356 agressions envers ces travailleurs et Charleroi occupait la 5e place parmi les villes les plus atteintes : agressions verbales, psychologiques et sexuelles, indique Tanguy Luambua, conseiller C+. Avec cette motion, on entend marquer une ouverture à la collaboration entre la Ville et le secteur médical. J’espère qu’on sera tous unis par eux aujourd’hui.
Nous avons mis un amendement afin de contacter les syndicats face à ces problèmes, mais nous sommes d’accord, explique Sofie Merckx, conseillère PTB.
Je ne sais pas si cette motion aura un effet quelconque, mais nous suivons, ajoute Nicolas Tzanetatos, conseiller et chef de groupe MR.
Les violences et pressions exercées envers ces professionnels sont très fortes. Il est important de continuer à se battre à leurs côtés, et à leur donner la parole, conclut Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi. Mais je pense qu’il faudrait aussi et surtout agir à d’autres niveaux de pouvoir.
Une remarque à laquelle s’est associée Anne-Sophie Deffense, conseillère indépendante, qui a déploré la déshumanisation des soins de santé et l’augmentation des délais de prise de rendez-vous. La motion a été adoptée à l’unanimité.
Baisser le revenu cadastral
Nicolas Tzanetatos, conseiller et chef de groupe MR, a poursuivi avec la problématique des cadastres. Le conseiller débute sa prise de parole avec une précision : le précompte immobilier est un impôt régional, payable chaque année, calculé via un pourcentage du revenu cadastral qui dépend de la commune.
Le cadastre ne correspond plus à la réalité de terrain (date de 1975) ! Cette motion vise à demander, aux différents niveaux de pouvoir compétents, la création d’un groupe de travail dans les 3 prochains mois pour une réforme du précompte immobilier et plus largement du revenu cadastral. Si l’on veut que Charleroi puisse se relever, il faut passer par ces mesures !
La motion sollicite également à la Région de renoncer à la perception du cadastre pour les immeubles inoccupés en raison de travaux d'amélioration énergétique. Pour ce faire, la piste d’un projet pilote à la rue Neuve a également été mise sur la table.
Une ville comme Charleroi avec un revenu cadastral plus élevé que chez nos voisins, c’est dommage et ça empêche des habitants et commerçants de venir s’y implanter. En tant qu’autorité communale, nous avons plutôt intérêt à rendre notre ville attractive, ajoute Pauline Boninsegna, conseillère et cheffe de groupe PTB.
La motion est donc intéressante selon le PTB, qui ajoute qu’il faudrait également ne pas augmenter cette taxe chez les propriétaires actuels, comme ça a pu être annoncé il y a quelques années. La motion, avec les amendements du PS et du PTB, a été adoptée à la majorité sauf 4 abstentions (conseillers indépendants).
Le PS a amendé cette motion, ce qui n’a pas plus au groupe MR qui n’a pas eu d’autres choix d’accepter (votées à la majorité).
On dénature mon texte. Si le PS veut attendre les résultats de ce groupe de travail avant d’agir, on va encore attendre 8 ans. Les Carolos remercieront le PS, conclut ironiquement Nicolas Tzanetatos.
Soutenir les agriculteurs
Sofie Merckx, conseillère PTB, a déposé avec son groupe une motion de soutien aux agriculteurs face à leur grogne et leurs blocages :
Ils sont rentrés dans leur ferme, mais ne sont pas satisfaits, on doit continuer à relayer leurs revendications. Pour le lait par exemple, en 1 an, les consommateurs payent 30% en plus et les agriculteurs reçoivent 30% en moins. Nous souhaitons que la Ville demande aux gouvernements wallon et fédéral de prendre toutes les initiatives utiles pour soutenir ce secteur en grande difficulté.
Je connais plusieurs agriculteurs. Quand on se mobilise comme ils se sont mobilisés, c’est qu’il y a des raisons. On leur demande de faire des efforts en permanence. Quand ils bloquent tout, on se rend compte à quel point on a besoin d’eux, ajoute Nicolas Kramvoussanos.
La motion vise notamment à développer des filières de valorisation des produits agricoles locaux, à communiquer la liste des producteurs locaux, à instaurer des prix planchers obligatoires au niveau européen, à transmettre cette motion aux autres niveaux de pouvoir ou encore à mettre fin à l'agriculture de dates qui impose aux agriculteurs des échéances. Amendée par les groupes PS, Ecolo et C+, la motion a été adoptée à l’unanimité.
Il faut (continuer à) sauver le Théâtre de l’Ancre
Après ces 3 motions, Germain Mugemangango, conseiller PTB, a ajouté un point à l’ordre du jour afin que la Ville prenne des mesures rapides pour soutenir le Théâtre de l’Ancre. Selon le conseiller, la survie de cet acteur majeur de la culture de la ville est mise en péril par les 3 ans de travaux prévus et l’absence de réactivité de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Germain Mugemangango résume l’historique : en 2014, l’Ancre recevait un subside de la Wallonie à hauteur de 7 millions d’euros pour la construction d’un nouveau théâtre exemplaire énergétiquement. Le dossier a pris du temps, finalement la Ville de Charleroi est devenue maître d’ouvrage et a hérité de tout. Aujourd’hui, à la veille des 3 ans de travaux à venir, ils n’ont pas assez d’argent pour couvrir les frais inhérents à l’itinérance engendrée par ces travaux (plus de locaux).
Les coûts ont changé, les 7 millions de travaux ne couveront maintenant plus que la moitié des travaux. La Ville de Charleroi va-t-elle aider cette équipe ? Va-t-on leur prêter des locaux ? Va-t-on les retrouver après ces travaux ?
Un avenir différent ?
On doit faire quelque chose pour le secteur culturel. Charleroi sort du lot et s’identifie par son offre culturelle diversifiée, on doit envisager de mettre en place une structure qui gère l’ensemble des acteurs. Chacun a le mérite d’exister, et de coopérer sans concurrence au sein de la Ville. Ça pourrait être utile de chapeauter le tout, propose Nicolas Tzanetatos, conseiller et chef de groupe MR.
Quand on est bourgmestre, on doit agir et renforcer l’accès à la culture et aider chaque acteur. Face à l’absence de vision d’ensemble, certains gagnent au détriment d’autres qui se sentent délaissés, regrette Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi.
Le point du PTB prévoit d’organiser la mise à disposition de locaux, de réfléchir pour que ces équipes soient hébergées temporairement dans d’autres centres culturels avec une possibilité de programmation sur 8 semaines consécutives, et d’étudier la possibilité de soutien financier en faveur de l’ASBL. Le PS a simplement amendé ce texte par souci de faisabilité et d’équité face aux autres acteurs culturels.
Il n’est jamais trop tard pour monter qu’on se soucie des acteurs culturels, surtout à l’approche des élections. Moi j’ai passé des centaines d’heures pour obtenir des subsides et autres pour le théâtre de l’Ancre notamment. Le point du PTB ne fait que décrire ce qu’on fait déjà, donc adoptons-le. Concernant la programmation, il faut réussir à jongler avec celles des lieux dans lesquels l’Ancre pourrait jouer. À l’avenir, nous aimerions surtout que l’Ancre soit reconnu comme centre scénique et bénéficier des subsides qui vont avec, a conclut Paul Magnette (PS), bourgmestre de Charleroi.
Le point et ses amendements ont été votés à l’unanimité.