L'agrivoltaïsme : certains agriculteurs sont contre, d'autres par contre y voient un espoir de pérenniser leur activité. Mais en Wallonie, une circulaire ministérielle floue empêche les projets de se concrétiser.
Grégory De Buysser a repris cette ferme à Chimay, il y a une dizaine d’années. Avec sa compagne Sandrine, ils ont recentré leur activité sur l’élevage d’un cheptel de près de 500 moutons, avec un projet de développement d’une fromagerie. Il y a plus de 3 ans, ils ont été approchés par Ether Energy, une société spécialisée dans le développement de solutions photovoltaïques et agrivoltaïques. L’idée de développer un projet de ce type sur leur parcelle, en fonction de leurs besoins professionnels, a séduit ces jeunes agriculteurs.
Mais la démarche est plus complexe que prévu. Ether Energy qui chapeaute le projet, a introduit au total trois demandes de permis pour le placement de 20.000 panneaux sur 18 hectares de ce terrain. Depuis 3 ans, aucune nouvelle. Le projet est dans l’impasse.
Grégory, Sandrine et 17 autres agriculteurs s'adressent donc au Gouvernement wallon dans une lettre ouverte.
Sandrine et Gregory ont déposé 3 exemplaires de cette lettre signée aux cabinets à Namur des ministres Cécile Neven, Anne-Catherine Dalcq et François Desquesnes en date de ce lundi 13 janvier.
Avec les agriculteurs qui ont consigné cette lettre, ils demandent plus de clarté sur l’Agrivoltaïsme en Wallonie, avec une circulaire plus précise.
Cette technique de production d’énergie durable est encore très peu répandue du côté wallon. Beaucoup d’agriculteurs s’y opposent encore. Et actuellement, un seul projet a vu le jour, à Wierde dans le namurois. Pourtant, le projet de Grégory et Sandrine a été pensé jusque dans les moindres détails.
Les agriculteurs signataires de la lettre, déplorent l’imprécision de la circulaire Borsus émise sous la précédente législature, mais cela pourrait changer, suite à la parution cette semaine d’un livre blanc consacré à l’agrivoltaïsme en Wallonie. C’est le fruit d’un travail de plus d’un an du Cluster Tweed, une organisation qui rassemble une centaine d’entreprises actives dans l’énergie durable.
On l’a compris, la balle est dans le camps du politique, qui semble cependant rester très prudent sur le sujet. Nous avons contacté la ministre l’agriculture Anne-Catherine Dalcq. Voici son point de vue :
« L’agrivoltaïsme ne doit pas compromettre notre souveraineté alimentaire. Avant d’occuper des terres agricoles, il faut d’abord utiliser tous les autres espaces disponibles dans la société et dans les exploitations agricoles. La flambée des prix du foncier met déjà à mal l’installation des jeunes et l’agriculture à taille humaine. Il faut éviter d’accentuer le problème ».
Le livre blanc a pour objectif de faire avancer la réflexion. Reste à voir s’il y parviendra à court ou moyen terme…