La commission de la Santé de la Chambre a adopté une proposition de loi du MR rendant obligatoire, à partir du 1er janvier 2025, la vaccination des bovins et des ovins contre la fièvre catarrhale, connue aussi sous le nom de 'maladie de la langue bleue'.
Plus précisément, il s'agit de vaccins contre la langue bleue (sérotype 3 et 8) et la MHE (maladie hémorragique épizootique).
Porté par Benoît Piedboeuf et Julie Taton, le texte prévoit une vaccination d'ici le 1er juillet de tous les bovins et ovins nés avant le 31 décembre 2024. Les bovins devront recevoir six doses, les ovins deux.
La semaine dernière, la Chambre avait adopté un amendement au projet de loi de finances (douzièmes provisoires) comprenant un montant de 40 millions d'euros à consacrer à cette campagne de vaccination. Celui-ci avait été approuvé à l'unanimité, moins les abstentions du Vlaams Belang et de Vooruit. Mardi, c'est un vote similaire qui est intervenu en commission. L'abstention des socialistes flamands montre que le parti du vice-Premier ministre Frank Vandenbroucke (Santé) lie ce dossier agricole au déblocage du budget des soins de santé (Inami) pour l'année prochaine.
Concrètement, le financement de la vaccination sera directement attribué au vétérinaire. Celui-ci devra ensuite le déduire de la facturation à ses clients. Les montants prévus sont de 23,50 euros par bovin et 7 euros par ovin. Une délégation peut être accordée à l'éleveur, mais il incombera toujours au vétérinaire d'encoder la vaccination dans le système de suivi des animaux Sanitel. Les vétérinaires seront en outre exemptés de TVA sur le volet administratif.
Des sanctions seront prévues par arrêté royal à l'encontre des contrevenants.
Le MR a demandé et obtenu que le point soit examiné en plénière dès jeudi, avec lecture orale du rapport. Il s'agira en effet de la dernière séance plénière de l'année 2024.
Il y a une semaine, la commission de la Santé avait adopté une résolution déposée par PS et qui mettait la pression sur le gouvernement en affaires courantes pour débloquer ce dossier.
Le ministre fédéral de l'Agriculture David Clarinval (MR) avait annoncé fin octobre que les vaccins seraient obligatoires, mais la question du financement de cette obligation restait pendante. Cette question a été résolue la semaine dernière.
Mardi, chacun s'est réjoui de l'avancée de ce dossier dans un rare échange d'amabilités. "C'est vous qui avez lancé le mouvement avec votre proposition de résolution", a salué M. Piedboeuf, en s'adressant à son collègue du PS Patrick Prévot, auteur de la résolution. Ce dernier a qualifié en retour le chef de groupe MR de "libéral élégant".
"Dans la foulée de la résolution et dans la foulée de l'augmentation du budget des douzièmes provisoires, tout est en place pour mettre la stratégie de vaccination obligatoire au point", a conclu M. Piedboeuf. Celui-ci a salué le travail du ministre Clarinval : "c'est lui qui a convaincu la secrétaire d'État au Budget (Alexia Bertrand, Ppen Vld, ndlr) d'ajouter un montant dans les douzièmes provisoires". Katja Gabriels (Open Vld) a contesté le propos, indiquant avoir toujours été favorable à un financement de la vaccination obligatoire.
David Clarinval a pour sa part salué la "réaction rapide" des différents intervenants. "L'obligation de vacciner, combinée au budget que j'ai débloqué pour couvrir les coûts de cette vaccination, représente une réponse concrète pour protéger leur travail et préserver nos cheptels."
En l'absence de vaccination, on estime les pertes économiques encourues jusqu'à 3.500 euros pour un bovin et jusqu'à 200 euros pour un ovin, selon les prix pratiqués.