L'église Sainte-Marie à Lodelinsart fait à nouveau parler d'elle. Entre sauvegarde d'un patrimoine d'un côté et d'un danger sur la voie publique de l'autre, on nage entre deux eaux. C'est un véritable bras de fer entre le fonctionnaire délégué de la Région et wallonne et la Ville de Charleroi. Qui croire ? Qui a raison ? Voici quelques explications.
Le fonctionnaire délégué de la Région wallonne a pris une décision radicale en refusant le permis qui permettrait ainsi d’achever la démolition de cette église.
« J’ai prononcé un refus le 17 juin et j’ai appris par la suite que les travaux avaient recommencé », explique Raphaël Stokis, fonctionnaire-délégué à la Région wallonne. En se rendant sur les lieux, il a constaté qu’il n’y avait pas d’autorisation pour continuer les travaux et donc il a scellé le chantier afin d’interrompre les travaux en cours. Du côté de la Ville de Charleroi, on se réfère à un rapport d’expert disant qu’il y a une menace sur la voie publique à cause du bâtiment. « La Ville a engagé la démolition pour mettre fin à la menace », argumente Xavier Desgain, l’échevin en charge des bâtiments.
Chronologie d’une saga
En décembre dernier, la Ville de Charleroi a fait une demande de permis pour démolir l’édifice religieux. En parallèle les travaux débutent pour limiter nous dit-on le danger sur la voie publique. Puis le Covid-19 a stoppé net leur avancée. Ensuite, le déconfinement s’est amorcé, le chantier reprend. Sauf que, le permis de démolition est refusé.
« Je comprends certains arguments, confie Xavier Desgain. Parce qu’effectivement on touche à du patrimoine et les riverains sont aussi assez tristes. »
« Les travaux qui ont été entamés sur base de l’ordonnance prise par le bourgmestre ne sont pas justifiés par l’extrême urgence, explique à son tour Raphaël Stokis. Sans un permis d’urbanisme, il y a des conditions et elles ne sont pas respectées. Il n’y a pas d’extrême urgence démontrée. Il y a un rapport d’un ingénieur qui ne la démontre pas. »
Le collège communal s’est mis d’accord pour faire appel de cette décision en saisissant le Gouvernement wallon. Xavier Desgain, lui, va encore plus loin en intentant une action judiciaire dans le but de lever les scellés.
En attendant, pour les riverains, c’est une (dernière ?) scène de désolation avec cette église éventrée. En plus, le terrain est toujours sacralisé et donc il n’est pas possible d’y construire autre chose qu’un lieu de culte. Un concile est-il possible entre la Région et la Ville ? En tout cas, le sort de l’église est bel et bien scellé.