Le phénomène de revenge porn explose en Belgique et également à Charleroi. Sur la zone de police de Charleroi, on dénombre déjà 9 plaintes depuis le début de l’année. Des chiffres interpellants. Focus sur ce phénomène.
A 18 ans, Marie a déjà été victime de revenge porn et de sextorsion. Des photos et vidéos d’elle nue ont été diffusées sans son consentement et une somme lui a même été demandée.
"J’ai reçu un message anonyme sur Snapchat. On me demandait 400 euros si je ne voulais pas que des photos et vidéos de moi nues soient diffusées. C’était des photos que j’avais envoyé à mon ex-copain quand nous étions en couple. J’ai refusé et donc on a donc envoyé toutes les photos et vidéos à tous mes contacts sur Instagram" explique la jeune victime.
Ce type de témoignage est de plus en plus courant. Un jeune sur 5 a déjà été victime de "revenge porn". Il s’agit de la divulgation publique d’un contenu sexuellement explicite sur internet sans le consentement de la personne apparaissant sur le contenu.
18 dossiers pour le 2ème semestre de 2020
A Charleroi, 18 dossiers ont été répertoriés en tant que tel entre juillet et décembre 2020. Mais pour les 2 premiers mois de 2021, on dénombre déjà 9 cas! Et cela ne concerne que les plaintes déposées.
"Le fait que ce revenge porn soit concomitant avec du sextorsion, on vous extorque de l'argent pour ne pas diffuser des images à caractère sexuel de vous, fait qu'il y a de plus en plus de plaintes déposées" analyse David Quinaux, policier de référence discrimination et délits de haine.
Les victimes sont à 90% des jeunes filles et souvent âgées de moins de 18 ans. Avec le confinement, le revenge porn semble prendre de l’ampleur car les jeunes seraient plus connectés et présents sur les réseaux sociaux. Il y a également le piratage de compte privé. Une photo intime peut alors vite se retrouver sur la Toile.
"On voit de plus en plus de comptes Snapchat ou Instagram qui sont des comptes collectifs pour les garçons de la classe voire de l'école et il y a des chasseurs qui chassent les victimes. Une fille qui va tomber amoureuse, on va s'échanger des photos et vidéos. Ces photos et vidéos de nudité vont être vues par tout ceux qui partagent ce compte collectif. Ce qui est le summum du sexisme, c'est vraiment traiter la femme comme un objet" s'indigne David Quinaux.
Avant d'ajouter : "N'oublions pas que tout se fait de manière informatisé, tout laisse une trace. Nous allons vous retrouver!"
Des sanctions lourdes
Difficile d’obtenir des chiffres au niveau du parquet de Charleroi car ce délit est repris comme étant du voyeurisme. Une soixantaine de cas uniquement pour les majeurs a été répertorié en 2020.
Ce phénomène a de graves conséquences humaines. En janvier 2020, la jeune Maëlle âgée de 14 ans met fin à ses jours après avoir été victime de harcèlement et après la diffusion d’images intimes. Les auteurs de revenge porn risquent pourtant des peines très lourdes qu’ils soient majeurs ou mineurs. Cela varie entre 2 à 10 ans de prison.
"Ce n'est pas sans conséquence et le législateur d'un point de vue pénal cette notion de revenge porn avec cette intention de nuire dans la diffusion de ses photos. Quand la victime est majeur, la peine d'emprisonnement va jusqu'à 2 ans. Quand la victime a entre 16 et 18 ans, la peine peut aller jusqu'à 5 ans d'emprisonnement. Et pour les victimes de moins de 16 ans, cela va jusqu'à 10 ans d'emprisonnement. A cela s'ajoute des amendes." explique Sandrine Vairon, procureure de division de Charleroi.
Depuis le 1er juillet 2020, les victimes peuvent être assistées par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Pour lutter contre ce phénomène, des campagnes de sensibilisation sont organisées par Child Focus ou encore par le Parquet.
Les vidéos et photos diffusées peuvent être supprimées des réseaux sociaux dans les 6 heures suite à un jugement du tribunal de 1ère instance. En Belgique, 15% des femmes et 3 % des hommes auraient subi des pressions pour envoyer des photos intimes.