Squatteur de caves et de jardins, le rat des villes et des champs ne se reproduit normalement pas en hiver car il fait trop froid. La saison qui s'achève a cependant été plus chaude que d'ordinaire en Belgique, les mois de janvier et février ayant été marqués par des températures élevées malgré un mois de décembre refroidi par une longue période de gel. Une douceur générale synonyme de nouvelles portées pour le rongeur.
"Trois portées supplémentaires durant les mois d'hiver, cela se traduit par 36 jeunes par femelle par an. Parmi ces jeunes, on peut considérer que la moitié seront des femelles, qui elles-mêmes donneront naissance à de nouveaux jeunes. Au bout du compte, si toutes les portées survivent, on en arrive à un millier de rats par femelle sur une année. C'est exponentiel", explique le naturaliste Philippe Wegnez.
Toutefois, hormis la météo, d'autres facteurs favorisent la prolifération des rongeurs. "Les composts sont pour eux de véritables maisons chauffées, grâce à la chaleur produite par la combustion", relève M. Wegnez. Élever quelques poules et lapins, une chèvre ou un mouton peut aussi offrir un abri aux rongeurs, qui profitent de la chaleur de la paille et du buffet garni de leurs hôtes. De manière générale, "plus il y a de la nourriture disponible, plus les populations augmentent", résume le naturaliste. En outre, la concentration des poisons vendus dans le commerce pour venir à bout de ces "nuisibles" a fortement diminué, poursuit celui qui est aussi responsable d'une entreprise de dératisation.
Par contre, tient à souligner Philippe Wegnez, les graves inondations qu'a connues la Wallonie en juillet 2021 n'ont pas favorisé la prolifération des rats. "Beaucoup se sont noyés. Mais les autres se sont concentrés dans certaines zones" épargnées, ce qui peut donner l'impression que leur nombre a augmenté. Il s'agit donc plutôt d'un déplacement de population. "Les secteurs vides sont néanmoins rapidement repeuplés."
La multiplication "à outrance" des rats constitue un véritable problème de santé publique, puisque ces rongeurs sont porteurs de maladies. Cela devient également un problème économique. "Des fermiers perdent deux-trois vaches par an à cause de la leptospirose", une maladie qui se transmet notamment par morsure.
Pour éviter de cohabiter avec un invité surprise, il faut agir vite, conseille le spécialiste. "Si vous relevez les traces d'un rat dans le jardin, n'attendez pas qu'il entre dans la maison. Quand on voit un rat ou une souris, c'est qu'il y a en déjà plusieurs", conclut-il.
Source: Belga