Le budget 2025 de la Wallonie est marqué par des économies "inédites" de 268 millions d'euros, sans qu'aucune nouvelle taxe ne soit levée "malgré le contexte à assumer", dont un pic d'amortissement de la dette, a indiqué Adrien Dolimont, ce mercredi.
Cette déclaration a eu lieu lors de la présentation commune mercredi, à Namur, des budgets de la Région et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
En chiffres toujours, le solde brut à financer de la région à l'initial 2025 s'élève à -2,906 milliards d'euros (21,7 milliards de dépenses et 18,8 milliards de recettes). Le solde SEC, lui, atteint -2,287 milliards d'euros, contre -2,209 milliards un an plus tôt.
"Nous avons réalisé un budget transparent et responsable, respectueux de la parole publique et qui s'inscrit dans la trajectoire d'assainissement voulue dans l'accord de gouvernement", a expliqué le libéral.
Pour parvenir à ces économies, l'ensemble de la sphère publique sera mise à contribution même si "certains secteurs essentiels seront préservés", a-t-il averti. "L'objectif n'est pas de supprimer des politiques ou des services mais bien de modifier la manière de travailler en changeant les habitudes et surtout d'évaluer le résultat de nos politiques publiques. Chacun devra accepter ce changement, s'atteler à proposer de nouvelles méthodes de fonctionnement pour augmenter l'efficience des dépenses."
Dans le détail, les budgets des cabinets et des services des deux gouvernements (Wallonie et FWB) seront réduits de l'ordre de 6 millions d'euros. L'indexation du Fonds des communes sera quant à elle maintenue mais la majoration supplémentaire de 1% sera supprimée, permettant d'économiser 15,6 millions d'euros. Les aides économiques seront pour leur part revues à la baisse à hauteur de 15 millions d'euros "dans un souci de rationalisation et de gestion plus efficiente des ressources en concentrant le soutien sur les projets et initiatives ayant le plus fort impact.", a justifié le ministre wallon de l'Economie, Pierre-Yves Jeholet (MR).
Ce dernier a par ailleurs proposé de diminuer de 45 millions d'euros les moyens octroyés annuellement à Wallonie Entreprendre en octroi de crédits et prises de participations.
La mesure était attendue, elle est confirmée: l'indexation des subventions APE sera gelée sauf pour le secteur non-marchand, représentant une économie de 13,5 millions.
Un moratoire sera également mis en place sur le financement prévu pour le plan d'infrastructures des intercommunales de gestion des déchets, pour une économie de 8 millions d'euros.
Autre mesure annoncée depuis plusieurs semaines: la rationalisation de la fonction publique qui passera notamment par la fin des remplacements automatiques des départs à la retraite et le non renouvellement de certains contrats à durée déterminée. "Le conclave budgétaire ne prévoit par contre aucun licenciement de fonctionnaires", a assuré la ministre en charge du secteur, Jacqueline Galant (MR).
A côté de ce train d'économies, des politiques nouvelles bénéficieront, elles, d'un financement régional. Ainsi, 250 millions ont été inscrits au budget 2025 pour la réduction des droits d'enregistrement à 3% et 84 millions d'euros supplémentaires sont prévus de 2025 à 2029 pour un nouveau plan d'investissement destiné aux ouvrages d'art .
Les budgets alloués au plan de prévention et de promotion de la santé de l'AVIQ seront pour leur part doublés, passant de 40 à 80 millions d'euros. "Cet investissement stratégique est essentiel pour anticiper les coûts liés aux soins de santé", a souligné le ministre de la Santé, Yves Coppieters (Les Engagés).
Un soutien financier de plusieurs millions d'euros sera également accordé à la prise en charge des citoyens touchés par la crise des PFAS, via le Fonds de protection de l'Environnement, et 17,5 millions seront débloqués pour les éleveurs touchés par la maladie de la langue bleue. Quelque 7 millions seront en outre dégagés pour la rénovation des crèches.
Un effort important de 63 millions d'euros en 2024 et de 10 millions en 2025 sera encore consenti par le gouvernement en faveur de la Société wallonne du crédit social (SWCS), "afin d'en éviter la faillite et d'en protéger les bénéficiaires", a pointé la ministre du Logement, Cécile Neven (MR).
Enfin, le gouvernement versera aux communes et aux provinces les 160,7 millions euros non-payés depuis deux ans dans le cadre des compensations fiscales promises par le Plan Marshall tandis que les Provinces augmenteront leur participation au financement des zones de secours, allégeant ainsi mécaniquement la 'dotation pompiers' à charge des villes et des communes.
"Des efforts inédits ont été réalisés afin d'entamer un véritable assainissement des finances wallonnes; de dégager des marges budgétaires pour financer de nouvelles politiques et répondre à des situations de crise et enfin d'assumer les engagements irrévocables pris dans le cadre du Plan de relance", a conclu Adrien Dolimont.