Suite aux inondations du mois de juillet, le Gouvernement wallon a décidé d’octroyer une dotation exceptionnelle aux communes touchées. Mais pour cette aide, aucun dossier administratif ni justificatif de dépenses ne sera demandé concernant l’utilisation de cette aide. Aiseau-Presles a bénéficié de cette dotation, et la non-obligation de justifier les frais crée un débat au sein de la commune.
On a presque oublié les terribles images des inondations, et pourtant les sinistrés en subissent toujours quotidiennement les conséquences. Pour gérer au mieux cette catastrophe et notamment reloger les citoyens, la commune a bénéficié de 3 subsides. Dont 587 000 euros qui ne nécessitent pas de justification concernant leur utilisation.
« J’ai été parlementaire pendant 20 ans, je n’ai jamais vu une région qui donne, en dotation exceptionnelle, un demi-million d’euro. En regroupant toutes les communes, on parle de 25 millions d’euros que l’on donne comme ça, sans contrôle. Si ce n’est pas la tutelle qui contrôle, nous pensons que c’est notre rôle d’opposition de vérifier que l’argent public est bien destiné à ceux qui en ont besoin », regrette Philippe Charlier (cdH), conseiller communal à la Commune d’Aiseau-Presles.
Un fonds de réserve
De ces trois subsides, la commune a décidé de mettre 600 000 euros dans un fonds de réserve, qu’elle utilisera au fur et à mesure en 2022. Cette question divise la commune.
« Les sinistrés sont dans une phase de nettoyage et de reconstruction. On libérera donc des fonds au fur et à mesure des demandes des citoyens. Ce n’est pas pour combler un déficit quelconque, l’argent sera utilisé pour les citoyens d’Aiseau-Presles, et probablement les sinistrés », explique Dominique Grenier (PS), échevin des Finances à la Commune d’Aiseau-Presles.
« N’abandonnons pas les sinistrés ! Donnons-leur les moyens pour rénover leur maison afin d’y habiter à nouveau ! Plutôt que de mettre l’argent sur un fonds de réserve et de ne pas savoir ce qu’on va en faire. Les assurances, n’ont pas encore versé l’argent. Pourquoi ne pas leur avancer et le récupérer après ? », se questionne Philippe Charlier (cdH).
Comment les fonds vont-ils être utilisés ?
L’opposition craint une mauvaise utilisation de ces fonds, et ne compte donc pas approuver cette modification budgétaire lors du conseil communal de ce soir.
« Lors de la commission des finances avec l’échevin des Finances et la directrice financière, on m’a souvent répondu qu’on ne savait pas comment allait être utilisé l’argent, qu’on verrait bien en 2022 ce qu’on en ferait. Ça nous inquiète », redoute Philippe Charlier (cdH).
« Chaque élu qui a vécu les inondations ne peut imaginer utiliser cet argent pour d’autres choses. C’est une aberration », répond l'échevin des Finances (PS).
Pour éviter tout problème, l’échevin dit jouer la carte de la transparence même si ce n’est pas obligatoire
« Actuellement, nous regroupons dans un fichier Excel toutes les dépenses », conclut Dominique Grenier (PS).
Du côté de la Région wallonne, une circulaire définit les domaines dans lesquels investir les fonds. En mars, un rapport intermédiaire permettra de vérifier comment les subsides sont utilisés. Et si les communes n’utilisent pas tout l’argent, elles devront le rembourser à la Région wallonne.