Housing first, c’est une opération de lutte contre le sans-abrisme qui est en route en Wallonie depuis 2016. Elle inverse la logique habituelle. On retrouve d’abord un logement pour ceux qui sont dans la rue depuis longtemps, pour leur permettre de retrouver une stabilité et ensuite résoudre leurs problèmes et retrouver une place dans la société. Ce sont les Relais Sociaux qui pilotent ce projet qui vient de recevoir une nouvelle aide de 350 000 euros par an de la Wallonie. Et il y a des résultats probants, comme celui de Marc, SDF depuis treize ans et qui a retrouvé un logement depuis un an. Nous l’avons rencontré.
Après 13 ans dans la rue, une solution
Depuis décembre 2018, Marc a commencé une nouvelle vie. L’opération Housing First pilotée par le Relais Social de Charleroi lui a trouvé un logement. Après de nombreuses années dans la rue.
« J’ai eu un parcours de treize ans dans la rue, raconte Marc, ancien SDF qui bénéficie d’Housing First. Avec des problèmes de santé au niveau physique et mental. J’ai des problèmes d’assuétude au niveau de la boisson. Et sur quatre ou cinq ans, j’ai quand même subi huit infarctus, deux arrêts cardiaques et une opération sur l’artère fémorale de quinze centimètres. »
Souvent la dernière solution
Et dans sa nouvelle vie, il est accompagné d’une équipe dont Kathelyne, la psychologue. Comme la vingtaine d’autres qui bénéficient d’Housing First à Charleroi. Des SDF de longue durée souffrant de troubles mentaux et d’assuétudes.
« Ce sont des personnes pour qui c’est souvent la dernière solution, explique Kathelyne Vande Kerckhove, psychologue et accompagnatrice sociale pour Housing First. Ils ont souvent déjà testé tous les services existants en matière aide aux personnes sans-abri. Et Housing First propose un accompagnement intensif. On a conscience que retrouver un logement au départ de la rue est déjà difficile, mais le plus difficile, c’est de garder son logement. Et donc à Housing First, nous avons une équipe pluri-disciplinaire comprenant des éducateurs spécialisés, une assistante sociale, une infirmière et une psychologue. Et ça permet vraiment de travailler tous les domaines de la vie quotidienne de la personne. »
Un accompagnement, mais de nouveaux projets
Et l’originalité de Housing First, c’est qu’on inverse la logique habituelle. On trouve d’abord un logement pour aider ensuite à la ré-instertion. Avec des logements venant de l’AIS, de la Sambrienne ou du privé. Avec un accompagnement par le Relais Social et son capteur logements du locataire, mais aussi du propriétaire pour que la location se passe au mieux.
« Il faut un accompagnement, reconnait volontiers Marc, l’ancien SDF. Sans ça, on ne s’en sort pas. Le problème, c’est la solitude. Dans la rue, on a toujours l’une ou l’autre personne avec qui parler, mais une fois qu’on est en logement, c’est très dangereux parce qu’on se retrouve de nouveau seul. On est un peu perdu, Par contre, depuis que j’ai mon appartement, j’ai un peu plus de stabilité et ça m’a permis de remettre le pied à l’étrier très vite. J’ai des projets. Je tiens mon logement en ordre en temps et en heure. Je me fais à manger tous les jours comme si j’avais toujours eu un logement. Et je me suis inscris dans plusieurs associations. C’est une nouvelle vie qui commence. »
Une nouvelle vie sur de nouvelles bases. Sans oublier son passé.