La 13e édition de l'Euro féminin de l'UEFA débutait en Grande Bretagne ce 6 juillet 2022. L'occasion de faire le point sur un sport qui laisse souvent les femmes sur le banc de touche.
Le football est souvent considéré comme incompatible avec la féminité, notamment parce qu'il est très attaché à l'image de la virilité ou encore de la violence. C'est pourquoi il fait l'objet de nombreux préjugés. Plus nombreux encore lorsqu'une femme décide d'y jouer sérieusement, et ne se limite plus aux banalités des jeux d'une cours de récréation.
A 17 ans seulement, Sheridan Abouam a déjà entendu certaines remarques déplacées en montant sur le terrain avec des garçons.
Parfois quand je vais jouer, ils disent "Oh c'est une fille : ça va être facile". Et finalement, quand on commence à jouer, ils voient qu'il ne faut pas nous sous-estimer parce qu'on a un bon niveau. Par exemple, je suis allée faire un tournoi récemment. Dans l'équipe, un des garçons m'a dit "Hé on peut faire coller à la culotte !" Pour eux, parce qu'on est des filles, on n'a pas à jouer au foot. Mais bon, il y a quand même une évolution depuis que je suis petite.
Heureusement, ces remarques n'atteignent pas Sheridan : "la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe", comme on dit. Pour elle, la passion passe avant tout.
Une différence de subsides
A contrario, Lola Deltenre estime que la situation s'améliore. Il est possible de faire des matchs en harmonie avec les garçons, les seuls qui posent problème sont "les fermés d'esprit" selon elle. Il y a toutefois une différence conséquente entre les filles et les garçons dans le milieu :
Les garçons sont payés et reçoivent des subsides. Nous, on doit payer pour jouer, même en D2 on n'était pas payées, alors qu'on était dans le top. La solution idéale serait d'avoir plus de sponsorings dans le milieu féminin et une meilleur visibilité à la télévision.
Une visibilité possible grâce notamment à la médiatisation de cet Euro féminin, mais aussi aux campagnes de sensibilisation mises en place l'an dernier par l'UEFA. L'union mettait à l'honneur l'importante contribution des femmes au développement du football européen dans différents articles.
Un constat : des parents réticents à l'idée d'inscrire leurs filles au foot
Tant Sheridan que Lola ont dû se battre pour pouvoir jouer à ce sport. Les deux jeunes filles ont commencé à jouer au football avec les garçons en famille ou à l'école, mais leurs parents ne voulaient pas les inscrire à des clubs de foot au début.
Leurs stéréotypes de genre étaient très ancrés des deux côtés. Pour Sheridan, son entourage lui a d'abord dit que c'était bizarre pour une fille de jouer au foot. Chez Lola, ses parents lui ont dit que le foot était un sport de garçon et qu'elle devrait arrêter à ses 12 ans.
Les voilà pourtant toutes les deux bien avancées : Sheridan est en P1 et Lola était en D2, avant de redescendre en P1.
Noélie Detry