C’est l’un des endroits mythiques de Charleroi, l’un de ces bistrots où se mêlaient odeurs de bières et d’encaustique . Diificile de croire que le 1er mai, Les Templiers aura fermé ses portes!!
C’est en 1958 -, à l’époque de l’exposition universelle, que l’on a construit cette bâtisse qui pour les amateurs d’Orval et de Lowenbraü a tout de la place-forte. Si la décoration semble immuable avec ses tables en 1958,bois et ses banquettes. On n’en dira pas de même des patrons, à ce niveau-là il y a eu du changement. Mais il n’empêche qu’en salle ou derrière le bar, Philippe Stiénon et Joseph Ferrito font en quelque sorte partie des meubles. Ce dernier travaille aux Templiers depuis 31 ans, Philippe, lui, depuis 27ans. Cela fait un bail ! De serveurs et garçons, ils sont devenus patrons en 2001. Philippe ne quitte pas son café de gaîté de cœur
Un endroit où le temps suspend son vol
« Joseph a 64 ans et nous arrivons maintenant en fin de bail. Sincèrement, on ne se voyait pas resigner pour 9 ans supplémentaires surtout que les choses changent. Autrefois à chaque fin de spectacles, il fallait voir les gens déferler du Palais des Beaux-Arts. On refusait du monde. Et il y en avait même qui réservaient leur table pour être sûrs de l’avoir après le spectacles. Maintenant les gens trainent moins en rue, il y a comme un sentiment d’insécurité Et pourtant l’on en a vu aussi passer des vedettes ici « Michel Delpech, Plastic Bertrand, François Pirette et l’équipe de « Sois belge et Tais-toi » venaient aussi manger ici avant leurs représentations ».
L’un des bons jours des Templiers c’est aussi celui du marché dominical. Qui, après être aller chercher ses fleurs, ne s’est pas attablé au Templiers le temps de reprendre des forces et une crasse pinte ou un petit rosé?. Mais là aussi nous dit Philippe
« les choses changent, l’importance du marché s’est réduit et les travaux qu’on annonce sur la place du Manège ( dans le cadre de Charleroi district) ne vont pas arranger les choses. Quand on voit comment à la Ville Basse les commerces ont souffert pendant des années à cause des travaux, on n’avait pas envie de connaître cela »
Local des Récalcitrants
Enfin qui dit « Les Templiers » pense bien entendu aussi « Gilles » et « Carnaval ». Les Récalcitrants » y ont leur local attitré depuis 1976. Luc Parmentier, le vice -président de la société, fréquentait déjà les lieux quand il était étudiant et friand de boire une botte c’était la botte secrète des Templiers, un verre qui en rappelait la forme et demandait un certain doigté pour être dégustée sans qu’on se retrouve arrosé). Gilles depuis 82, Luc Parmentier se souvient de tous ces moments passés là-bas
« En période de Carnaval, ce sont des soirées voire des parties de nuits que nous y avons passées, lors des soumonces, le samedi gras et le mardi bien entendu avec un des moments les plus émouvants : celui de la remise des médailles qui se fait au local . Nous avons notre drapeau, celui des Récalcitrants qui s’y trouve et j’espère que même si Philippe et Joseph arrêtent, il y aura des repreneurs pour que cet endroit continue à vivre et que nous puissions toujours y venir »
Et Justement quand on évoque le Carnaval, Philippe ne peux s’empêcher de faire une remarque
« Pour nous le jour du carnaval c’est super important, et je ne comprend pas qu’on l’ait déplacé cette année à la Ville Basse alors que les travaux n’avaient même pas encore commencé. Pour nous ça a été un grand manque à gagner »
Les Templiers qui ferment… c’est plus qu’un bistrot qui met la clé sous le paillasson , c’est un peu de l’âme carolo qui meurt et disparaît. Nombreux d’ailleurs sont ceux qui sur les réseaux sociaux en témoignent